Exemption de la mort et victoire sur la mort – Sur le sens de l’affirmation traditionnelle « la mort est la conséquence du péché »

Mgr Jean-Pierre BATUT
Mourir - n°223 Septembre - Octobre 2012 - Page n° 57

Jamais, contre toute évidence empirique, l’humanité ne cessera de considérer la mort comme contraire à sa nature. En comprenant la nature comme une vocation, la tradition chrétienne ose affirmer que la mort est le salaire du péché. Elle ne nie pas qu’un passage à une toute nouvelle condition d’existence soit nécessaire pour avoir part à la vie de Dieu, mais elle soutient que si l’homme n’avait pas péché, un tel passage eût été possible pour lui sans l’horreur de la dissolution de son être corporel. C’est à cause du péché que l’assomption de notre nature et le don de la filiation nous ont été obtenus par la mort rédemptrice du Fils.

 

«Je voulais que nos enfants gardent de toi une vision lumineuse et que jamais ils ne soient effleurés par cette idée de putréfaction de ta chair qui m’avait poursuivie pendant des mois. Jamais je n’ai pu admettre que ta grâce et ta beauté soient devenues un objet de répulsion ; j’ai suivi la décomposition de ton corps, elle m’a hantée. Je me disais que ce n’était rien, que tu ne le savais pas, que c’était un phénomène chimique, mais je voyais ton corps, tes yeux, tes lèvres, le tissu de ton costume et quand on disait devant moi à un enfant apeuré par une guêpe ou une mouche : “Les petites bêtes ne mangent pas les grosses”, je pensais : si, justement, elles les mangent et jusqu’à la dernière bouchée. 

Oui, tout cela je voulais le garder pour moi et je n’étais pas non plus d’accord pour dire que tu étais au ciel, puisque ce n’était pas ce que nous pensions. J’essayais donc de te lier à la vie. Il s’est transformé, disais-je, il est devenu deux arbres et des fl eurs ; les abeilles le butinent, elles font du miel et nous mangeons du miel et comme cela, tout recommence. Chacun [des enfants] a réagi avec sa nature : “Beau comme il était, m’a dit l’un d’un air épanoui, il a dû faire de belles fleurs !” 

L’autre a réfléchi, silencieux. Le lendemain, il est venu vers moi. “En somme, quand nous mangeons du miel, nous mangeons un peu de l’homme”, m’a-t-il dit. »

Parmi tant d’autres, le beau livre d’Anne Philipe (épouse, puis veuve de Gérard Philipe) Le temps d’un soupir en témoigne : jamais l’humanité, même en essayant de s’arc-bouter à des professions d’athéisme, même en tentant d’y voir une composante nécessaire du cycle de la vie, n’en aura fini avec le scandale de la mort. Elle y verra toujours du naturel contre nature. Se tournera-t-elle plus facilement [...]

 

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