La raison en peinture: L'Astronome de Vermeer

Y a-t-il une iconographie de la raison ? L'Astronome n'est pas un modèle, il est l'attentive patience de la raison qui n'a rien négligé.

« Le plaisir que procure un panneau de bois peint, si nous nous en tenons à la raison, devrait nous élever à l'amour céleste. » Pétrarque 

«Je voudrais, comme Poussin, mettre de la raison dans l'herbe et des pleurs dans le ciel. » Cézanne

Y a-t-il une iconographie de la raison ? Sans doute peut-on la représenter ; elle aussi, moyennant quelques  conventions que l'on trouverait chez Lomazzo, ou chez Ripa, trouve sa place dans ce matériel de figures dont la fin est de persuader par le moyen de l'oeil. Elle a des attributs, par quoi la peinture, devenant allégorie, lui donne le corps un peu fade et alangui des abstractions dont l'esprit est coutumier. Raison qui flatte l'imagination ; autour d'elle, des instruments, l'atmosphère nette des mesures, et les choses corsetées dans leur orthodoxie : la raison a des pouvoirs, et elle aime à les exercer. A l'esprit humain, qui a gardé le souvenir un peu vague de sa céleste origine, elle soumet le temps et le lieu, elle propose à sa façon de retrouver pour les choses leur disposition nombrable.  Elle organise et elle ordonne. Ou bien, si la peinture renonce à la figurer explicitement, elle se sert si évidemment d'elle que chaque point du tableau lui doit d'exister ; par elle se construit le visible, le sensible avoue son projet. Elle autorise le fourmillement des apparences et par contraste fait goûter au bord de la matière insensée le vertige du détail et de la profusion des choses, où sans elle l'on se fût perdu ; ainsi du paysage classique. Ou bien encore elle se fait obsédante, terrible, elle vise un effet d'ordre et de nécessité auquel assujettir hommes et choses ; [...]

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