106- Les vingt ans de Communio (1993-2)

Page n° 74 par Jean-paul II

'''Grâce à vos revues, soyez un ferment de communion et d'unité dans un monde marqué par de multiples tensions et divisions'''

Tout le texte est joint

Monsieur le Cardinal,

 

Chers amis,

 

Je remercie Monsieur le Cardinal Ratzinger de m’avoir présenté les revues «Communio» auxquelles il a largement contribué. C’est avec plaisir que je vous accueille, vous qui prenez part à la réunion internationale des rédactions. A l’occasion du vingtième anniversaire de la fondation de la revue, vous avez voulu tenir votre réunion annuelle à Rome. Vous soulignez ainsi votre attachement au successeur de Pierre et votre communion avec l’Église universelle.

 

L’idée du consortium des «Revues catholiques internationales» est née ici même à Rome. Et nous évoquons avec gratitude le souvenir de deux de ses initiateurs, théologiens éminents de la catholicité, le Cardinal Henri de Lubac et le Père Hans Urs von Balthasar.

 

Dans l’article publié en tête de chaque nouvelle édition qui s’agrège à «Communio», article qui constitue le projet que se fixe la revue, le Père von Balthasar avait formulé une charte dont les revues du groupe doivent s’inspirer pour promouvoir la communion ecclésiale. Pour faire œuvre constructive, il rappelle que l’exigence absolue est celle de l’amour, amour pour le Christ et pour son Église, amour de l’autre avec lequel il faut se solidariser et entrer en dialogue, mais sans compromission car il n’existe pas de double vérité. Les fondateurs de la revue, à partir de leur rencontre intime avec le Seigneur, savaient harmoniser culture et foi, pour annoncer l’Évangile. Ils ont allié l’audace d’une pensée créative avec la plus filiale et la plus humble fidélité à l’Église et à sa vivante Tradition.

 

Les collaborateurs de vos revues vivent dans cet esprit de la communion dans la charité sur laquelle s’édifie l’Église, une et diversifiée, en un mot catholique. Ecclésiastiques, religieux, et laïcs, hommes et femmes, provenant de plus de quinze nations, vous êtes un signe de cette catholicité. Entre vous, vous expérimentez le dialogue pour travailler à une œuvre commune. Dans la communion à la même foi et au même Seigneur, avec le désir ardent de faire pénétrer l’Évangile dans les cultures de notre temps, vous créez avec vos contemporains une confrontation exigeante par une démarche rationnelle qui favorise la découverte du mystère divin et accompagne l’adhésion de foi qui, seule, permet la rencontre personnelle avec le Maître de l’Histoire.

 

Que cet esprit de communion, demeure votre souci principal! Plus encore, grâce à vos revues, soyez un ferment de communion et d’unité dans un monde, et parfois aussi dans des communautés chrétiennes, marquées par des tensions et des divisions ! Comme l’écrivait le père Balthasar, soyez des hommes et des femmes de cet « amour absolu qui englobe les adversaires. En lui, se trouvent réconciliés malgré tout ceux qui ne se comprennent pas, qui peut être ne peuvent plus se souffrir ». Le vrai prédicateur de l’Évangile est celui qui, par amour du Christ et de ses frères, est désireux de rendre compte rationnellement de la vérité chrétienne et, en même temps, a le souci de promouvoir l’unité et la compréhension mutuelle, plutôt que d’entretenir des polémiques, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Église. À cet amour, nous dit saint Jean, « tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 35).

 

C’est avec joie que j’ai appris que plusieurs éditions sont en préparation dans des pays d’Europe centrale et orientale, récemment libérés du communisme. Elles viendront s’ajouter à l’édition croate et à l’édition polonaise, déjà anciennes. Comme archevêque de Cracovie, j’avais eu l’occasion d’encourager et de promouvoir l’édition polonaise qui a contribué à l’intelligence de la foi dans un pays où la recherche intellectuelle de la vérité a longtemps rencontré bien des obstacles. À l’heure actuelle, il est important qu’un échange vigoureux s’instaure entre des chrétiens qui ont vécu l’expérience de la répression et de la persécution et ceux qui ont pu exprimer leur foi en toute liberté. Cela donnera un élan nouveau à la recherche théologique, ainsi qu’à l’expression et à l’annonce du mystère chrétien dans le monde contemporain. Saint Paul rappelait que l’échange de biens matériels et l’entraide sont une expression fondamentale de la charité et de la communion ecclésiales. Le partage des biens spirituels et, intellectuels traduit également l’amour qui nous vient du Seigneur.

Au terme de cet entretien, je vous souhaite de poursuivre avec le même amour qui est dans le Christ Jésus, avec la même exigence spirituelle et avec la même rigueur intellectuelle que les Pères et les Docteurs de l’Église. Pour cette tâche qui vous attend, je vous donne de tout cœur ma bénédiction apostolique.

Paru dans l'Osservatore romano, 29-30 mai 1992

Jean-Paul II


Le dossier contient les articles suivants :