Lettre Communio N°10

le 28/12/2016 par Rédaction
 
 

La Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Le petite réunion parisienne des rédactions s'est tenue à Ephrem, auprès du Sacré-Cœur de Montmartre les 2 et 3 décembre 2016.

 

Les derniers cahiers

Après le succès d’un numéro très original sur La grande ville, (2016, 4), le cahier double sur La religion des tranchées, dirigé par OLIVIER CHALINE, renouvelle en profondeur l’histoire religieuse de la Grande Guerre (2016, 5-6). Grâce à Mme AMBROSELLI DE BAYSER, nous avons pu reproduire le superbe tableau de George Desvallières sur la couverture du cahier. Il contient aussi la conférence programmatique prononcée par JEAN-LUC MARION à la rentrée solennelle de l’Académie catholique de France (10 octobre 2016).

 

La Revue francophone

De nouveaux rédacteurs sont venus rejoindre (et rajeunir) le Comité de la Revue :

PAUL COLRAT, né en 1988, marié, trois enfant, ancien élève de l’ENS (Lyon), agrégé de philosophie, doctorant (philosophie antique), cofondateur des Altercathos et du Simone à Lyon.

PAUL-VICTOR DESARBRES, né en 1985, marié, ancien élève de l’ENS, agrégé ès-lettres classiques, docteur en littérature française.

BERNARD POTTIER, sj, né en 1953, a été président de la Faculté de théologie des Jésuites belges francophones (Bruxelles) et directeur de la Nouvelle Revue Théologique. Membre de la Commission théologique internationale depuis 2014, il a publié sur Hegel et Grégoire de Nysse.

EMILIE TARDIVEL-SCHICK, née en 1981, diplômée de Sciences-Po (Paris), docteur en philosophie, maître de conférences à la Faculté de philosophie (Institut catholique de Paris)

FLORENT URFELS, né en 1973, prêtre (Paris), ancien élève de l’ENS, agrégé de mathématiques, docteur ès-sciences, docteur en théologie, enseignant à la Faculté Notre-Dame du Collège des Bernardins, est aumônier de l’Ecole normale supérieure.


La Revue a reçu une petite subvention du CENTRE NATIONAL DES LETTRES (Ministère de la culture). Outre l’aide financière, elle apporte la reconnaissance de l’importance de Communio dans le panorama intellectuel francophone. Rappelons cependant que l’équilibre de la Revue repose sur la générosité des donateurs (un reçu fiscal peut être délivré).

Un important travail de remise à niveau de tout le système informatique (site web et gestion des abonnements) a été entrepris par un jeune ingénieur, LAURENT CETINSOY, sous le suivi de PATRICK CANTIN et JEAN-LUC ARCHAMBAULT. La Revue se met en place pour développer son format numérique (qui a plus de cent cinquante abonnés surtout en Afrique, en Amérique du Centre et du Sud ainsi qu’au Viet Nam et en Chine continentale).

 

Quatrième séminaire d'été

Le quatrième séminaire d’été de la revue organisé par Hugolin et Lauren Bergier s’est tenu au Prieuré de la Cotellerie (Mayenne), chez les Petits Frères de Marie, Mère du Rédempteur, du 22 au 25 août 2016. Autour de JEAN-LUC MARION, une quinzaine de participants ont pu relire des textes majeurs de saint Augustin, tout en participant à la vie liturgique de la Communauté.

 

Les traducteurs

Revue internationale, Communio bénéficie d’un ensemble d’articles étrangers sur le thème retenu et en traduit beaucoup. Les traducteurs sont à la fois bénévoles et compétents : pour les derniers numéros, nous avons profité du concours gracieux de
JEAN-ROBERT ARMOGATHE (portugais, italien)
FRANÇOISE BRAGUE (allemand)
CHRISTOPHE CARRAUD  (italien)
VIVIANE CECCARELLI (italien)
OLIVIER CHALINE (tchèque)
JEAN DUCHESNE (anglais)
PHILIPPE SAUDRAIX (allemand)

 

Communio internationalis

La « petite » REUNION INTERNATIONALE s’est tenue à Paris les 2 et 3 décembre. Elle a réuni des représentants des rédactions allemande, américaine, croate, néerlandaise, polonaise, portugaise (et française) ; les Argentins, les Hongrois, les Slovènes et les Tchèques n’ont pas pu y prendre part. Après une très amicale soirée organisée par les Pères Pallottins de la rue Surcouf, la session s’est tenue à Ephrem (Sacré-Cœur de Montmartre) ; elle a permis de préparer plusieurs thèmes de l’année 2018, qui seront approfondis à la « grande » réunion, qui se tiendra en mai prochain à Rolduc aux Pays-Bas.

 

Distinctions

 
  

Le 80ème anniversaire de MIKLOS VETÖ, membre de la rédaction francophone, a été dignement fêté en Hongrie et en France. Après avoir enseigné à Yale, Abidjan et Rennes, il a pris sa retraite de professeur de philosophie à l’Université de Poitiers. Membre de l’Académie catholique de France, il a été élu membre extérieur de l’Académie des Sciences de Hongrie  et Honorary Professor à l’Australian Catholic University.

 
 
  

JEAN DUCHESNE, un des fonda- teurs de la Revue francophone, a été élevé au grade de Commandeur dans l’Ordre des palmes académiques. La cérémonie  s’est tenue au Lycée Condorcet de Paris, dont Jean est un ancien élève (le Lycée compte une Pléiade d’Anciens élèves, dont les photographies tapissent le mur de la Salle Marcel Proust, tandis que Mallarmé, Pagnol et Sartre y enseignèrent …). Ce fut l’occasion de rappeler la brillante carrière d’enseignant de Jean Duchesne, professeur d’Anglais en Chaire supérieure, et son engagement dans les classes préparatoires. Membre de l’Académie catholique de France, chevalier de la Légion d’honneur, Jean Duchesne est aussi l’auteur de plusieurs essais importants et de série de livres bibliques pour les enfants.

 
 
  

On ne peut pas tenir à jour les nombreuses distinctions reçues par JEAN-LUC MARION, de l’Académie française, autre fondateur de la Revue francophone (et autre ancien élève du Lycée Condorcet !). Mentionnons seulement la très sympathique remise d’un volume Lectures de Jean-Luc Marion, qui lui fut offert en Sorbonne le 29 novembre par Anca Vassiliu et Cristian Ciocan (Editions du Cerf).

 
 
  

REMI BRAGUE, de l’Institut, autre figure tutélaire de la Revue, a accordé le 6 octobre un entretien-fleuve à Figaro Vox: http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2016/10/07/31004-20161007ARTFIG00336-remi-brague-nous-sommes-tombes-dans-une-marmite-chretienne-quand-nous-etions-petits.php

Il vient de publier aux Editions Salvator Où va l’histoire ?, un livre d’entretiens avec Giulio Brotti.

 

Enfin, un nouveau venu au Comité de rédaction, PAUL-VICTOR DESARBRES (né en 1985), normalien, agrégé ès-lettres classiques,  a très brillamment soutenu le 8 décembre à l’Université Paris-Ouest (Nanterre) une thèse de littérature intitulée La plume et le lys. Carrière, publication et service de la politique royale chez Blaise de Vigenère (1523-1596). Avec GWENAËLLE D’ABOVILLE et MAXIMILIEN ARTUR, Paul-Victor a dirigé le cahier sur La grande ville.

 

Livres reçus par la Rédaction

Parmi les livres reçus, dont la liste est donnée ci-après, quelques-uns ont retenu plus précisément mon attention :


Elisabeth ABBAL, Paroisse et territorialité dans le contexte français, Cerf Patrimoines, Paris, 216, 510 p., 35 €

Cet ouvrage est le produit d’une thèse en droit canonique soutenue en 2014 à l’Institut catholique de Paris. Dès les années 1980, les diocèses français ont ouvert le dossier de la paroisse, ce qui a souvent abouti à un remodelage territorial. C’est ce processus que l’auteur a entrepris d’analyser.
Dans sa première partie, elle présente le réseau paroissial de tous les diocèses de France métropolitaine. On se rend bien compte de la variété, et de la disparité, des situations : chaque diocèse tend à constituer une « Église (bien) particulière », dans ses problèmes comme dans les solutions retenues. Elle analyse ensuite six diocèses : Auch, Besançon, Saint-Brieuc, Evry, Toulon et Poitiers, qu’elle répartit en deux groupes : ceux qui ont procédé à la création de nouvelles paroisses et ceux qui ont préféré d’autres configurations territoriales.
La seconde partie offre un double regard critique et prospectif : qui gouverne, et sur quel territoire ? L’exercice de la charge pastorale se déploie sur un nouveau rapport au territoire. Au modèle de «l’enclos » succède celui du « pôle », avec toute son ambiguïté (ou sa polyvalence).
Le travail s’appuie sur une forte documentation, à partir des documents diocésains et synodaux. L’enquête canonique s’élargit en une réflexion théologique : la paroisse, c’est « l’Église pour les pauvres ». Les impératifs administratifs et économiques, le souci de rationalisation du personnel ne doivent pas faire oublier les exigences de l’évangélisation, et la vie des communautés.
Un livre exigeant, mais lumineux, qui développe la première réflexion herméneutique menée sur le livre II du nouveau Code de droit canon : « comment interpréter la norme pour l’appliquer et l’appliquer pour l’interpréter » (professeur Borras, de Louvain, dans sa préface).


Miklos VETÖ, Pierre de Bérulle. Les thèmes majeurs de sa pensée, L’Harmattan, Paris, 2016, 138 p., 16€

Il s’agit de la reprise, complétée et remaniée, d’une introduction à des textes du cardinal de Bérulle (1575-16290) publiée en 1997 chez Jérôme Millon à Grenoble ; en vingt ans, en effet, l’édition des Œuvres complètes de Bérulle (Cerf) s’est enrichie de cinq nouveaux volumes.
Ce petit volume est une introduction très claire à la pensée spirituelle du cardinal,: sous trois grands chapîtres, Dieu et la créature, l’Incarnation, le retour de la créature vers Dieu, toute la (christo)théologie bérullienne est passée en revue, avec d’excellentes citations (des traités et des opuscules, mais aussi de la correspondance).
Un ouvrage à lire et méditer pour pénétrer les origines de l’ « Ecole française de spiritualité », qui fut si brillamment mise en valeur par Henri Bremond.


Augustin-Marie AUBRY, fsvf Obéir ou assentir ? De la « soumission religieuse » au magistère simplement authentique, DDB, Paris, 2015, 374 p., 25 €

La constitution Lumen Gentium , traitant de la fonction doctrinale des évêques, affirme (n. 25a) :
« les fidèles doivent de mettre en accord avec le jugement exprimé par leur évêque au nom du Christ en matière de foi et de mœurs et doivent y adhérer avec une religieuse soumission de l’esprit (religioso animi obsequio). Cette soumission religieuse de la volonté et de l’intelligence (hoc religiosum voluntatis et intellectus obsequium) doit être accordée, à un titre particulier, au magistère authentique du Pontife romain, même quand il ne parle pas ex cathedra, à savoir de façon telle que son magistère suprême soit reconnu avec déférence, et qu’on adhère sincèrement aux jugements qu’il exprime, compte tenu de la pensée et de la volonté qu’il manifeste et que l’on peut déduire principalement, soit du caractère des documents (indole documentorum), soit de la proposition répétée de la même doctrine (ex frequenti propositione eiusdem doctrinae), soit de la façon de s’exprimer  (ex dicendi ratione) ».
Que signifie cet obsequium religiosum voluntatis et intellectus ? L’auteur se livre d’abord, pendant 150 pages, à une analyse méticuleuse de la rédaction de cette péricope et de son insertion dans la Constitution dogmatique. Il en résume ainsi le cheminement tortueux : « mis au point dans le schéma préparatoire (juin 1961-19 juin 1962), il disparaît avec celle-ci (6 décembre 1962), mais, après élagage, la formule est reprise dans le schéma allemand (février 1963), avant d’être introduite dans le schéma Philips en cours d’élaboration (mars 1963). Dans le nouveau schéma conciliaire, la péricope déménage (23 janvier 1964) et trouve enfin sa place, celle du texte définitif promulgué (21 novembre 1964) » (p. 137).
Il en étudie ensuite la postérité dans les documents des papes et de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans le Catéchisme et du Code de droit canonique, jusqu’à la Note doctrinale illustrant la formule conclusive de la Professio fidei publiée par le cardinal Ratzinger le 29 juin 1998.
Les cent dernières pages sont consacrées à la qualification théologique de la « soumission religieuse». Quel type d’assentiment peut-on accorder au magistère simplement authentique, qui n’est ni infaillible ni irréformable ? Trois questions se posent : d’ordre ecclésiologique, devant les différentes instances du magistère authentique (pape, concile, congrégations romaines, évêques) ; d’ordre psychologique (relevant de ce que l’A. appelle « la psychologie surnaturelle ») : quelle est la nature de l’acte par lequel le fidèle reçoit cette doctrine ; d’ordre prudentiel enfin : dois-je limiter mon assentiment, ou faire connaître les raisons de ses limites (ou de mon dissentiment) ? Schématiquement, deux solutions ont été proposées : soit une obéissance (volontariste), soit une considération respectueuse (minimaliste). L’A. cherche une troisième voie, à partir de la dualité voluntas et intellectus. Il cite le P. M.-J. Nicolas, rendant compte dans la Revue thomiste (1946) de l’Eglise du Verbe Incarné de Ch. Journet : « croire, ce n’est pas essentiellement obéir à une volonté, c’est adhérer à une vérité » et conclut que « la soumission religieuse est un acte du fidèle, impéré par la foi théologale, élicité par la docilité surnaturelle, par lequel son intelligence juge probable une doctrine proposée par ‘le magistère simplement authentique normatif' ». Il voit dans cette définition la possibilité de dénouer des situations critiques – pour l’essentiel, la réception de certains textes de Vatican II par les fondamentalistes catholiques.
C’est un ouvrage d’une grande richesse documentaire et d’une grande finesse d’analyse, dont la conclusion doit certainement inspirer les travaux de la commission Ecclesia Dei dans ses rapports avec la Fraternité Saint Pie-X.

Emmanuel FALQUE, Triduum philosophique. - Le Passeur de Gethsémani - Métamorphose de la finitude - Les Noces de l'Agneau, Ed. du Cerf, 2015.

En un seul volume, la lecture continue qu’Emmanuel Falque mène des trois jours de la Passion du Christ.
Qu’en est-il de l’épreuve de l’angoisse, de la souffrance, de la mort à laquelle conduit le vendredi saint ? Qu’en est-il de l’épreuve de la naissance et de la résurrection à laquelle ouvre le dimanche pascal ? Qu’en est-il de l’épreuve du corps et de l’éros, de l’animalité et du chaos intérieur à laquelle appelle le jeudi saint ? C’est bien Le Passeur de Gethsémani qui, en opérant la Métamorphose de la finitude, institue Les Noces de l’Agneau. Professeur et Doyen de la Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris, Emmanuel Falque propose ici une anthropologie philosophique profondément christologique.
Il convient de mentionner Une analytique du passage (Ed. franciscaines, 2016, 720 p.), qui sont des « Rencontres et confrontations avec Emmanuel Falque » et Parcours d’embûches (Ed.franciscaines, 2016).

Mentionnons deux ouvrages qui, bien que n’ayant pas été reçus par la rédaction, m’ont paru dignes d’intéresser nos lecteurs :

Les Premiers écrits chrétiens, dans la Bibliothèque de la Pléiade (un volume dirigé par Bernard Pouderon, Jean-Marie Salamito et Vincent Zarini), Gallimard, Paris, 2016, 58€ (jusqu’au 31 mai 2017, 66 € ensuite). Depuis les premiers témoignages juifs et païens sur Jésus jusqu’aux débuts de la poésie chrétienne, entre 90 et la fin du 2ème siècle, le volume esquisse l’image des premières générations chrétiennes : vie des communautés, actes des martyrs, littérature apologétique, débats théologiques. Ce volume de 1600 pages vient compléter dans cette collection les Ecrits intertestamentaires (A. Dupont Sommer et Marc Philonenko), les Ecrits gnostiques (Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier), les Ecrits apocryphes chrétiens (2 vol., Fr. Bovon, Pierre Geoltrain et J.-D. Kaestli), sans oublier les trois volumes des deux Testaments.

La Bible dans les littératures du monde, sous la direction de Sylvie Parizet, 2.500 pages en deux vol., Le Cerf, 2016, 210€. Dix années de recherches menées par près de 400 spécialistes sont ici rassemblées, sous sept cents entrées. On y trouve des personnages bibliques, des auteurs, mais aussi des entrées thématiques et des pays. Après 32 colonnes sur les anges dans les littératures du monde, l’article Angleterre parcourt les emprunts bibliques de la littérature britannique. On y trouve en 12 colonnes un article « Guadeloupe », aussi bien que la « Littérature manichéenne », ou la « Bible au Moyen Age ». A l’encyclopédisme des sujets traités s’ajoute la qualité des auteurs – souvent le meilleur dans la discipline concernée. Il convenait de saluer cet énorme travail, un gros livre de plus, qui témoigne de l’énorme influence que le Livre des Livres a exercé sur l’imaginaire littéraire mondial.

Jean-Robert ARMOGATHE

 
 
 
 
 
 
 
 

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