Nicolas BAVEREZ
La mondialisation
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n°147
Janvier - Février
2000 - Page n° 35
La mondialisation n'est ni bienheureuse ni diabolique. Elle résulte de l'interaction des stratégies de puissance des nations (des états-Unis notamment), des entreprises et des acteurs sociaux. Mais il lui faut un mode de régulation.
Marx soulignait avec raison que « la production du capitalisme engendre, avec l'inexorabilité d'une loi de la nature sa propre négation ». Mais cette négation conduit à sa mutation, et non pas à sa disparition, chacune de ses grandes tans-formations juxtaposant une révolution technologique, un bouleversement des entreprises et des modes d'organisation du travail, une évolution des formes de régulation économique et sociale enfin.
Depuis le XVIIIe siècle se sont ainsi succédés trois capitalismes. La première révolution industrielle, déclenchée par la mécanisation autorisée par la vapeur, créa la rupture avec l'univers traditionnel de l'agriculture individuelle et de l'artisanat grâce à la division du travail et à la naissance de la société anonyme ; elle correspondit à une norme libérale, caractérisée dans l'ordre interne par un Etat-garant limitant ses interventions à ses compétences régaliennes (avec des prélèvements de l'ordre de 10 % du PIB) et dans l'ordre international à l'affirmation progressive du « laisser-faire, laisser-aller » manchesterien. L'apparition du moteur, lié au pétrole et à l'électricité, donna le jour à l'âge de la production et de la consommation de masse, la rationalisation du travail se diffusant à partir ae firmes multinationales, intégrées verticalement ; il est indissociable de la norme keynésienne de gestion de l'activité et de l'emploi, et de l'émergence des États-providence, qui ont provoqué une montée en puissance des pouvoirs publics dans les économies développées jusqu'à représenter entre 40 % et 60 % du Pm. L'enrayement des Trente Glorieuses à partir des années 1970 a débouché sur l'économie mondialisée, qui repose sur quatre dynamiques : l'ouverture des systèmes économiques et sociaux (avec des droits de douane moyens de 3 % contre 25 % au cours des années 1960) ; la déréglementation, qui remet en cause les interventions des États ; l'émergence d'une civilisation de l'information dont Internet constitue le symbole; le renouveau d'un capitalisme patrimonial, mû par les entrepreneurs et non plus par les managers, dirigé par les actionnaires et non plus par les salariés, gouverné par les marchés et non plus par les États. [...]
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