avec le concours de l’École Pratique des hautes Études, de l’Association Française d’Histoire Religieuse Contemporaine, de l’Institut de France et du Collège des Bernardins
Le dixième anniversaire de la mort du cardinal Lustiger fournit l’occasion pour les historiens de tenter une première construction scientifique de “l’objet historique Jean-Marie Lustiger”. Il s’agit en fait de répondre à deux questions apparemment simples : comment Jean-Marie Lustiger a-t-il été possible dans l’Église en France? Qu’est-ce que l’action déployée tout au long de ses ministères par l’aumônier, le curé de paroisse puis l’archevêque de Paris a-t-elle changé dans l’Église en France ?
Denis Pelletier, dans un ouvrage remarqué, a forgé la notion de crise catholique (1965-1978). Temps de recomposition qui correspond à une rupture de pente – 1965 – dans les courbes de la sociologie religieuse, alors largement utilisée, et qui débouche sur 1978 sur l’élection du cardinal-archevêque de Cracovie au siège pontifical. Entre-temps, un Concile s’est achevé. Il a été reçu et l’Église de France, comme les Français, ont connu une mutation sociale, culturelle et anthropologique sans doute sans expérience équivalente. Cette lecture peut désormais être étendue. Dès 1943, la France est vue par les abbés Godin et Daniel comme un “pays de mission”. Depuis 1978, les “générations” Jean-Paul II et Benoît XVI ont transformé les visages de l’Église de France.
Jean-Marie Lustiger a déployé ses ministères dans cette conjoncture historique et spirituelle (il est ordonné en 1954 et meurt en 2007). D’abord aumônier d’étudiants (1954-1969), il observe la transformation des attentes de la jeunesse en essayant de lui apporter des éléments nouveaux de formation, tant spirituelle (notamment biblique) qu’intellectuelle pour comprendre le monde qui vient. Curé à Paris (Sainte-Jeanne de Chantal, 1969-1979), il applique les réformes liturgiques du Concile tout en restant concentré sur l’enjeu de la formation des laïcs. Évêque d’Orléans (1979-1981), puis archevêque de Paris (1981-2005), il conduit son diocèse en articulant sa pastorale aux défis de l’Église universelle. Trois temps d’une carrière et d’un ministère qui sont aussi trois échelles différentes pour prendre la mesure de la réalité historique et spirituelle de l’Église.
Etudier l’action de Jean-Marie Lustiger dans ce cadre que nous suggèrent les historiens, c’est aussi se mettre au défi de l’articulation de deux niveaux distincts : celui de l’histoire, celui de la perspective spirituelle.
Ce colloque a pour ambition d’établir ce premier niveau de l’histoire. En faisant appel aux meilleurs spécialistes actuels de l’histoire religieuse en France, il permettra véritablement de poser les fondations d’une approche scientifique et historienne de l’action et de la trajectoire du cardinal Lustiger. De plus, les intervenants auront pu disposer des archives, encore en cours de classement, ce qui donnera à leur travail un caractère inédit extrêmement original.
Il ne s’agit pas d’estimer que la figure du cardinal Lustiger est peu connue ni que les travaux déjà nombreux qui existent n’ont pas de valeur scientifique. Bien au contraire, une abondante bibliographie, parmi laquelle les précédentes rencontres de l’Institut Jean-Marie Lustiger, existe qui sert de guide précieux aux travaux en cours. Mais ce colloque, dans le cadre de la méthode des historiens, veut poser des jalons pour une inscription de l’action du cardinal dans une chronologie qui est à la fois française, européenne et catholique, c’est-à-dire universelle. L’objectif est donc de produire, à partir de matériaux rassemblés autour de la figure de Jean-Marie Lustiger, une ressource historique susceptible, par la suite, de faire dialoguer ce travail des historiens avec les intuitions et fulgurances spirituelles de Jean-Marie Lustiger pour explorer l’articulation de la recherche historique et de la compréhension des “signes des temps” sous la double lumière de l’exigence scientifique des sciences humaines et sociales et de l’intelligence de la foi telle que Jean-Marie Lustiger la proposait.
Les intervenants
Denis Pelletier (EPHE), Jean.-François. Sirinelli (Sciences Po Paris), Bernard Giroux (Éducation Nationale), Olivier Landron (Université Catholique d’Angers), Frédéric Gugelot (Université de Reims), Florian Michel (Université de Paris IV-AFHRC), Anne-Marie Pelletier (Institut Jean-Marie Lustiger), Christian Sorrel (Université de Lyon II-AFHRC), Frédéric Le Moigne (Université de Brest), Xavier Boniface (Université d’Amiens), Jean-Baptiste Arnaud (Diocèse de Paris, Institut Jean-Marie Lustiger), Philippe Portier (EPHE), Matthieu Rougé (Diocèse de Paris, Institut Jean-Marie Lustiger), Jean-Pierre Moisset (Université de Bordeaux), Isabelle Saint-Martin (EPHE), Gérard Pelletier (Diocèse de Paris), Paul Airiau (Académie de Paris), Vincent Soulage (EPHE), Claire Toupin-Guyot (IEP Rennes), Jean Duchesne (Institut Jean-Marie Lustiger), Jean-Dominique Durand (Université de Lyon III), Charles Mercier (Université de Bordeaux), Thérèse Hebbelinck, père Patrick Desbois (Diocèse de Paris), Benoît Pellistrandi (Institut Jean-Marie Lustiger), cardinal André Vingt-Trois.
A lire dans COMMUNIO
Jean-Marie LUSTIGER Témoin de Jean-Paul II , Collection COMMUNIO
L'Europe à Venir, Collection COMMUNIO
Jean-Marie Lustiger Communio N°197 mai-juin 2008
L'Europe selon Jean-Marie LUSTIGER
La nouveauté du Christ et la post-modernité
Préface du Cardinal Lustiger pour Je crois en un seul Dieu Collection COMMUNIO
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