Clovis à Angoulême. Histoire politique et histoire religieuse

Si l'histoire de la prise d'Angoulême par Clovis a connu un développement légendaire, il n'en reste pas moins que l'événement a orienté durablement la destinée religieuse de la ville, et qu'il importe d'en dégager le sens. En libérant Angoulême, Clovis a compris, à sa manière, l'enjeu de la lutte contre l'arianisme. C'est un nouvel équilibre spirituel qui s'établit entre le pouvoir politique et l'organisme vivant de l'église, héritière des apôtres.

Du bon usage des anniversaires

Il me semble normal de préciser d'emblée d'où je parle, comme l'on dit, et avec quelles intentions j'ai choisi d'évoquer l'événement mémorable et sans doute décisif que fut, au début du vie siècle, en 508, le siège d'Angoulême par les armées franques de Clovis, l'expulsion des troupes wisigothes et les conséquences de cet acte libérateur. Je suis tout simplement lié, depuis deux ans, à notre histoire de Charente et d'Angoulême. Je le suis par mon ministère d'évêque et je le suis par mes recherches d'historien, puisque j'ai consacré ma thèse à un homme de la fin du VIe siècle, le pape saint Grégoire le Grand (590-604) et que j'ai enseigné durant plus d'une dizaine d'années l'histoire des origines chrétiennes, à Toulouse.

À dire vrai, ou plutôt à parler sincèrement, à partir du moment où j'ai voulu préparer ce propos, j'ai vérifié ce qu'a écrit bien des fois mon ami Grégoire le Grand, comme le grand saint Augustin. J'ai éprouvé le poids de la « sarcina  episcopalis », et au milieu de multiples réunions, rencontres et déplacements pastoraux, j'ai eu un peu de mal à trouver l'otium nécessaire à la méditation de l'Historia Francorum de Grégoire de Tours, pour ne rien dire de la chronique d'Adhémar de Chabannes. [...]

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