Professeur Thomas RÖMER
L'exégèse canonique
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n°265
Septembre - Octobre
2019 - Page n° 23
Si le Pentateuque intègre de nombreuses traditions narratives et législatives préexiliques, sa « canonisation » intervient à l’époque perse. Par ce terme, il faut comprendre la constitution d’un corpus écrit de référence, où s’expriment et se reconnaissent tous les courants du judaïsme : courants théologiques deutéronomiste et sacerdotal, judaïsme judéen et samarien, judaïsme de la diaspora. La constitution d’un texte de référence, placé sous l’autorité de la figure de Moïse (« livre de la torah de Moïse »), ne signifie pas que le texte soit fixé dans ses moindres détails : au IIe siècle avant notre ère coexistent un texte proto-massorétique, le Pentateuque réécrit de Qumran, la Septante et le Pentateuque samaritain.
Torah et Pentateuque
Le nom Pentateuque vient de la traduction grecque qui fait allusion aux cinq livres qui se trouvent dans cet ensemble. La tradition juive parle de Torah, mais connaît également l’expression « cinq cinquièmes de la torah », ḥamišah ḥumšey hat-torah1. On ne peut savoir avec certitude dans quelle direction va l’influence : est-ce que l’expression hébraïque est à l’origine du terme grec ou est-ce ce dernier qui a inspiré l’expression hébraïque ? Les cinq livres du Pentateuque portent en français des titres hérités de la traduction grecque et repris ensuite dans la Bible latine (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome), alors que les noms hébraïques reprennent un mot de la première phrase du livre (Bereshît [« Au Début »], Shemôt [« Noms »], Wayyiqra [« Il appela »], Bemidbar [« Au désert »], Debarîm [« Paroles »]), pratique courante dans le Proche-Orient ancien. On a pris l’habitude de traduire le mot « Torah » par « Loi » mais, en regardant l’ensemble des textes qui se trouvent dans ces livres, on observe qu’il y a autant de textes narratifs que de textes législatifs. Il convient donc de traduire Torah par « Enseignement, Instruction », ce qui correspond d’ailleurs au sens de la racine hébraïque qui est à la base du substantif.
L’attribution du Pentateuque à Moïse
Le personnage humain principal du Pentateuque est Moïse, puisque sa vie couvre l’ensemble allant du deuxième jusqu’au cinquième livre − il naît au chapitre 2 du livre de l’Exode et le dernier chapitre du Pentateuque (Deutéronome 34) relate sa mort. Ainsi a-t-on pu désigner le Pentateuque comme étant une biographie de Moïse2. L’importance de Moïse dans le Pentateuque a s ans d oute p réparé l’idée selon laquelle ce serait Moïse qui en serait l’auteur. Or, le Pentateuque dans son ensemble est une littérature anonyme, non signée. En revanche, de nombreux textes législatifs (Exode 24,4 ; Deutéronome 1,1 ; 4,45 etc.) sont attribués à Moïse.[...]
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1 Le terme Houmash désigne le Pentateuque en forme d’un livre imprimé (parfois avec des commentaires).
2 R. P. Knierim, “The Composition of the Pentateuch”, in SBL Seminar Papers 24, Atlanta, Scholars Press, 1985, p. 393-415.
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