Ce que les anges voient au crépuscule

Une image, que saint Thomas d’Aquin emprunte à saint Augustin, met en lumière comment Fides et Ratio rappelle que les chrétiens, tout en adhérant à un enseignement révélé, ne sont pas pour autant dispensés de rechercher l’être des choses, dans leur nature propre.

Le titre de ces pages sur la place et l’importance que l’Encyclique Fides et Ratio accorde à la métaphysique est emprunté à saint Augustin. Dans le De Genesin ad litteram (livre IV, chapitres 22-31), qui est un commentaire sur la Création du monde, le Docteur de la grâce suggère que les anges ont une sorte de vision nocturne, et parle d’une connaissance du matin et d’une autre du soir. La tradition théologique ultérieure a élargi cette distinction. C’est la raison pour laquelle Hugues de Saint-Victor déclare : « il y a bien des questions au sujet de la nature angélique pour lesquelles l’esprit humain, dans sa curiosité, ne peut rester en repos ». Aussi n’est-il pas surprenant que dans la Somme de théologie, Thomas d’Aquin cherche à son tour à rendre compte de l’intuition augustinienne sur la connaissance angélique. Comme il arrive souvent dans le traitement des questions de philosophie et de théologie médiévales, nous en apprenons davantage que ne ferait supposer leur titre. Le lieu principal où Thomas donne une explication de la double connaissance des anges commence :

« C’est saint Augustin qui a introduit cette distinction de la connaissance angélique en connaissance du matin et en connaissance du soir [puisque] pour lui les six jours pendant lesquels, d’après la Genèse, Dieu a fait toutes choses ne sont pas des jours ordinaires mesurés par le mouvement du soleil [...] Il appelle connaissance du matin celle de l’être primordial des choses, connaissance qui porte sur les choses selon qu’elles sont dans le Verbe ; tandis qu’il appelle connaissance du soir la connaissance de l’être créé comme existant dans sa nature propre. » (Somme de théologie Ia, qu. 58, art. 6)

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