Le contexte historique du concile de Nicée (325) et les motifs de sa convocation

Père Henryk PIETRAS
Le concile de Nicée - n°296 Novembre - Décembre 2024 - Page n° 17

L’histoire de la convocation du concile montre que, face au désir impérial d’unité et de concorde, les questions doctrinales ne sont qu’une de ses facettes, au départ fort secondaire. Pour comprendre l’ambition et le travail du concile, il faut par ailleurs tenir compte de ses 20 canons.

Le contexte historique du concile de Nicée (325) et les motifs de sa convocation

J ’ai déjà eu l’occasion d’écrire plusieurs études sur le concile de Nicée, auxquelles je devrai nécessairement me référer ici, en essayant de présenter brièvement les résultats de mes recherches, mais en me centrant cette fois sur le contexte de la convocation du concile. J’ai commencé à m’intéresser à ce thème dès l’an 20001, quand je me suis rendu compte que la controverse née à Alexandrie entre l’évêque Alexandre et le prêtre Arius ne pouvait avoir été la cause de la convocation du concile, malgré toute la légende postérieure.

La légende communément diffusée tient que vers l’année 320, Arius, lors d’une rencontre du clergé alexandrin avec son évêque, aurait nié la divinité du Fils de Dieu, soutenant que ce dernier aurait été créé à partir de rien avant les temps et l’éternité, comme la première et la plus excellente créature de Dieu. De ce fait, le Fils était encore capable de changement et aurait pu pécher. Cependant, il n’en serait pas arrivé là parce que Dieu lui aurait donné la grâce de ne pas pécher, puisqu’il connaissait par avance sa fermeté et sa piété 2. Il semblerait que le contexte de la dispute ait été fourni par un problème qui existait depuis un certain temps dans l’Église alexandrine, à savoir l’opposition entre les philo-monarchiens, si préoccupés de ne pas séparer le Fils du Père qu’ils ne parvenaient pas à exprimer la foi dans la personnalité propre du Fils, tombant dans un monothéisme extrême, et certains théologiens, fidèles à la tradition d’Origène, qui soulignaient la différence entre les Personnes divines, au risque d’être accusés de tomber dans le trithéisme....


 1 H. PIETRAS, « Le ragioni della convocazione del Concilio Niceno da parte di Costantino il Grande. Un’investigazione storico-teologica », Gregorianum 82 (2001), p. 5-35 (je croyais alors encore à l’authenticité des lettres « post- conciliaires »). Par la suite, j’ai écrit une série d’articles en polonais et en italien, terminant avec le livre Council of Nicaea (325). Religious and Political Context, Documents, Commentaries, trad. M. Fijak, Roma, 2016 ; version italienne corrigée : Concilio di Nicea (325) nel suo contesto, Roma, 2021, et le dernier article : « Fonti sulla condanna di Ario a Nicea nel 325 », Gregorianum 104 (2023), p. 485-514.

 2 Voir ARIUS, Thalie, dans : ATHANASE, Contre les ariens, I, 6 ; ATHANASE, Lettre encyclique aux évêques d’Égypte et de Lybie, 12.


Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
13.71€ 2.10% 14.00€ 50

Revue numérique

L'exemplaire n'est à l'heure actuelle pas disponible au format numérique.