La christologie sans le dogme − Le dogme sans la christologie Adolf von Harnack et Erik Peterson ou deux interprétations anti-spéculatives du Christ

Christian STOLL
Le concile de Nicée - n°296 Novembre - Décembre 2024 - Page n° 67

La christologie sans le dogme − Le dogme sans la christologie Adolf von Harnack et Erik Peterson ou deux interprétations anti-spéculatives du Christ

Adolf von Harnack et Erik Peterson sont entrés dans l’histoire de la théologie comme des opposants. L’un représente, comme aucun autre, l’époque wilhelminienne et le protestantisme libéral, l’autre appartient à la « génération du front » des théologiens qui ont commencé leur carrière académique après la rupture de 1918 et qui se sont engagés sur de nouvelles voies, pleins de mépris pour leurs maîtres libéraux. Peterson était proche de la théologie dialectique, mais sa théologie de la crise insistant sur l’eschatologie dépassait celle de ses compagnons dialecticiens. Peterson se convertit au catholicisme en 1930, année de la mort de Harnack, deux ans après avoir échangé avec lui une correspondance devenue célèbre 1. En tant que converti, Peterson ne représente pas seulement une alternative fondamentale à la théologie libérale au sein du protestantisme, mais il est également identifié au catholicisme.

Les approches théologiques de Harnack et de Peterson ont été caractérisées, tant par les catholiques que par les protestants libéraux, comme deux voies nettement séparées. Joseph Ratzinger, qui s’est déclaré à plusieurs reprises en faveur de la théologie de Peterson, n’a pas seulement vu, dans l’échange de lettres entre les deux théologiens, la différence entre le principe scripturaire protestant et le principe catholique de la tradition 2. Dans sa conférence de Ratisbonne, en tant que pape, il a illustré le conflit fondamental entre la foi transmise et la raison moderne qui utilise la méthode exégétique de Harnack : le concept positiviste de la science de l’historien libéral des dogmes...


 1 Erik PETERSON, Briefwechsel mit Adolf von Harnack und ein Epilog, dans Idem, Theologische Traktate, éd. par Barbara Nichtweiß, Ausgewählte Schriften Bd. 1, Würzburg, 1994, p. 177-194. Peterson ne publia la correspondance qu’après la mort de Harnack et sa conversion, dans la revue catholique Hochland (année 30, 1932/33, p. 111-124).

 2 BENOÎT XVI, Discours aux participants du symposium international sur Erik Peterson, dans : Giancarlo Caronello (éd.), Erik Peterson. Die theologische Präsenz eines Outsiders,[La présence théo- logique d’un outsider], Berlin, 2012, XVII.


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