La commémoration comme exercice de vigilance − Le concile de Nicée (325) dans l’Église orthodoxe

La commémoration comme exercice de vigilance − Le concile de Nicée (325) dans l’Église orthodoxe

1. Introduction : la culture de la célébration de Nicée au-delà des anniversaires

Les jubilés doivent se faire remarquer : sommets d’attention, de concentration collective sur un événement important. Ce sont des moments où l’on s’arrête, qui nous donnent à réfléchir en célébrant et qui nous renouvellent toujours. Les jubilés deviennent eux-mêmes une partie de l’histoire et tombent à un moment ou un autre dans l’oubli. Dans le domaine ecclésial et liturgique, les jubilés sont inhabituels. Car la relation liturgique de l’Église avec son passé ne s’épuise pas dans une anamnèse linéaire et quantitative. L’année ecclésiale est une commémoration permanente qui prend en compte de la même manière le temps et l’éternité. Dans le calendrier ecclésial, nous ne commémorons pas simplement les saints, c’est-à-dire des personnes particulières et leurs noms, mais avant tout des événements (martyre, anniversaire de la mort) qui façonnent la mémoire de l’Église, sans que l’éloignement dans le temps n’apporte ni n’enlève de signification à ces événements aujourd’hui. Et ce ne sont pas seulement des événements passés qui sont commémorés mais aussi des événements futurs (dimanche du Jugement dernier ¹). Ces événements personnalisés, pertinents pour notre salut actuel, constituent la mémoire vivante, racontée et narrative de l’Église : une culture de la mémoire célébrante qui anime et interpelle le présent. La relativisation de l’expérience cumulative du temps dans la mémoire liturgique (donc un certain éthos anti-jubilaire) est en même temps une affirmation de l’historicité de ces événements. Cela concerne notamment la dimension pneumatologique de chaque événement en Christ : l’Incarnation a besoin de l’action de l’Esprit saint et inversement. Cette ambivalence entre historicité du fait et son actualisation par la liturgie, entre l’événement historique contingent et son actualisation au long du...

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 1 Le Dimanche du Jugement dernier ou Dimanche de l’abstinence de viande est le troisième Dimanche du Triode (livre liturgique pour les services du Grand Carême). Il annonce la troisième semaine de la période précédant le Carême, dans le cadre du cycle liturgique pascal de l’Église Orthodoxe (NDT).