Nicée (325) et l’actualité de la théologie trinitaire Trajectoire d’une réception ambivalente

Père Vincent HOLZER
Le concile de Nicée - n°296 Novembre - Décembre 2024 - Page n° 95

Nicée (325) et l’actualité de la théologie trinitaire Trajectoire d’une réception ambivalente

La théologie contemporaine entretient des relations ambivalentes avec le Concile de Nicée, mais aucune des appréciations en cause n’affiche d’indifférence à son endroit. Elles s’accordent toutes à faire endosser à l’énoncé conciliaire le rôle de césure ou de transition, aussi nécessaire qu’ambivalent, aussi vital qu’inconfortable. On distingue, dans les tentatives d’historiographie contemporaine des énoncés dogmatiques – sans d’ailleurs qu’une telle science n’ait vraiment revendiqué un statut épistémologique identifiable 1 – une période anté-nicéenne et une période post-nicéenne, la première dominée par une « économie sous la Monarchie 2 », la seconde par une « Monade s’étendant à toute la Triade », jusqu’à la parfaite réversibilité que le 2e Concile de Constantinople (553) exprima en parlant de « Triade consubstantielle », une réversibilité qui, sous la plume latine d’Augustin, adopta le langage de l’être : « Mais le Père est, lui aussi, et le Saint-Esprit est : c’est jusqu’à l’être même que s’étend toute la Trinité (ad ipsum esse pertinet tota Trinitas) 3 », formule saisissante,...


 1 Même l’œuvre magistrale d’Alois GRILLMEIER ne revendique pas le statut d’historiographie des énoncés dogmatiques. Pour le segment de temps qui nous occupe, on se réfèrera à l’œuvre traduite, Le Christ dans la tradition chrétienne. De l’âge apostolique à Chalcédoine (451), Paris, 1973, Cogitatio fidei no 72, et plus particulièrement les p. 222 à 231

 2 L’expression que créa le théologien Joseph MOINGT est le fruit d’une analyse de l’Adversus Praxean de TERTULLIEN (Adv. Prax., 2, 3-4) : « Théologie trinitaire de Tertullien », Recherches de science religieuse 54/3, 1966, p. 337-369, et plus particulièrement la p. 353. Les limites du modèle ont été décrites dans une œuvre postérieure : « La théorie de la monarchie économique paraissait “subordonner” le Fils au Père et l’Esprit au Fils ; le concept d’unité de nature, viser l’identité spécifique mais mal sauvegarder l’unité numérique de la divinité ; la distinction des personnes pouvait être réduite à la diversité des caractères ou des rôles sous lesquels Dieu se révèle [...] Il faut reconnaître qu’on n’était pas encore parvenu à une conciliation satisfaisante de l’unité et de la pluralité et on ne s’étonnera pas du rebondissement de la crise, au début du IVe siècle, sous la forme nouvelle de l’“arianisme” », Dieu qui vient à l’homme. De l’apparition à la naissance de Dieu, 2/1, Paris, 2005, p. 144.

 3 AUGUSTIN, Tract. in Io. Ev. XL, 3, trad. M.-F. Berrouard (BA 73a), Paris, 1989, cité par Y. MEESEN, « Platon et Augustin : mêmes mots, autre sens », Revue des sciences philosophiques et théologiques 98/3, 2005, p. 455. Autre texte : « La Trinité des trois personnes est bien plus inséparable que la trinité d’une seule personne (inseparabilior est illa Trinitas personarum trium, quam haec unius) », De Trin. XV, 23, 43, trad.


Revue papier

Prix HT €* TVA % Prix TTC* Stock
13.71€ 2.10% 14.00€ 50

Revue numérique

L'exemplaire n'est à l'heure actuelle pas disponible au format numérique.