Chasteté et « refus de prendre », Jésus devant la tentation originaire

De quelle manière le Christ a-t-il été tenté et quel rapport y a-t-il entre les tentations qu'il a subies et la chasteté ? Si la personne du Fils échappe au péché originel, elle a connu la tentation originaire qui est refus de la filiation. En triomphant de la tentation par « le refus de prendre », le Christ manifeste sa chasteté qui est adhésion indéfectible à celui qui donne.

Ce qui nous met en porte-à-faux pour parler de la chasteté du Christ, c'est que nous ne pouvons pas en parler de manière totalement chaste. Nous voudrions bien comprendre, mais nous voudrions aussi, sans trop nous l'avouer, qu'il en aille chez lui comme il en va chez nous. Seule, par conséquent, la Vierge Marie comprend vraiment son Fils. Seule l'Église, dans sa manière de nous montrer le Christ et de nous le donner, nous met sur le chemin de conversion où, inséparablement, nous commençons à comprendre et à vivre la chasteté.

Lorsque saint Thomas médite sur l'épisode des tentations au désert (Somme théologique, troisième partie, question 41), il commence par nous rappeler que la tentation subie par le Christ est vécue, comme chacun de ses mystères, « pour nous les hommes et pour notre salut ». Jésus devait, en effet, dit-il en citant saint Grégoire, « vaincre nos tentations par les siennes, comme il a triomphé de notre mort par la sienne ».
Mais de quelle manière le Christ a-t-il été tenté, et quel rapport y a-t-il entre les tentations qu'il a subies et sa chasteté ? Bien que saint Thomas ne semble pas s'occuper de la deuxième question, nous espérons montrer dans ce qui suit que le, rapport est très direct. Pour ce qui est de la première question, comme à son habitude, saint Thomas distingue. Et il le fait en reprenant une opposition classique entre les tentations de la chair et du monde et celles qui ont pour auteur directement le Tentateur. [...]