"Catholique et Français toujours! "

La construction du Sacré-Cœur de Montmartre entre 1870 et 1919 a été celle, non seulement d'un oratoire où les fidèles sont venus prier pour la France et pour le pape, mais aussi d'un laboratoire où les archevêques de Paris et l'épiscopat de France ont inauguré de nouveaux rapports entre l'église et l'état-nation. Le concept de « médiation croisée » peut rendre compte des relations du fidèle avec le Christ par la patrie, du citoyen avec la patrie par le Christ.

Comment être catholique et Français au moment où échouent les espoirs de restauration ? Après la révolution de 1830 et celle de 1848, cet échec culmine avec l'impasse du gouvernement dit de l'ordre moral et la mort du comte de Chambord (1883). Dans l'atmosphère du premier centenaire de la Révolution célébré par la « République des Républicains », les catholiques se posent la question avec angoisse. L'invitation au Ralliement par Léon XIII (1890-1892) et la célébration du quatorzième centenaire du baptême de Clovis vont de conserve dans leur esprit. Ils couronnent un siècle riche en déceptions, mais aussi en rebondissements. Le dernier n'est pas le moindre : la rupture du Concordat de 1801 en 1905 après les persécutions des congrégations liées à la « laïcisation » de la société. Les archevêques de Paris, les cardinaux Guibert, Richard et Amette ont proposé à l'Église de France une oeuvre qu'ils qualifient de « chrétienne et patriotique », la construction de l'église du Sacré-Coeur de Montmartre. Elle est en quelque sorte une réponse concrète à la question posée dans cet article. Cette entreprise a fait l'objet d'une enquête détaillée et publiée de diverses façons. [...]