Brève histoire de la distinction entre autorité spirituelle et pouvoir temporel

Partant, d'une part, de la distinction établie par le Christ entre le culte dû à Dieu et le respect dû au pouvoir temporel de César, et, d'autre part, de la prépondérance, affirmée par le pape Gélase Ier, de l'universalité de l'autorité pontificale sur le pouvoir impérial, l'auteur décrit les principaux traits des quinze derniers siècles de relations entre pouvoir temporel et autorité religieuse.

« Evêque de Rome, Vicaire de Jésus-Christ, successeur du Prince des Apôtres, Souverain Pontife de l'Église universelle, Patriarche d'Occident, Primat d'Italie, Archevêque et Métropolitain de la Province romaine, Souve-rain de l'État de la Cité du Vatican, Serviteur des Serviteurs de Dieu. » Cette titulature officielle du pape Jean Paul II, relevée dans l'annuaire pontifical, manifeste à la fois 1'enra-cinementedans l'épiscopat romain, l'origine divine, la succes-sion apostolique, l'insertion historique, la nécessité d'un pou-voir temporel limité mais réel, et la nature de l'autorité pontificale. Le but de cet article est de rappeler les fonde-ments de la distinction entre le pouvoir temporel et l'autorité spirituelle avant de tracer à grands traits une brève histoire de cette distinction.

Les fondements d'une distinction

Les bases scripturaires

Le gouvernement de l'Église naissante a été confié par Jésus à Pierre. Jésus a pris grand soin de former ses disciples pour qu'ils continuent son oeuvre après lui. Il a désigné clai-rement le chef de la communauté chargé de répandre le message. Il a confié à Pierre la triple charge non seulement de paître mais aussi de "faire paître" les agneaux et les brebis (Jean 21, 15-17), de confirmer ses frères dans la foi (Luc 22, 32), d'être le fondement et le signe de l'unité de l'Église (Matthieu 16, 18-20). [...]