Révolution et religion : Chateaubriand, de l'Essai sur les révolutions au Génie du christianisme

Les premiers témoignages littéraires de Chateaubriand sur la Révolution posent deux questions fondamentales : quels sont les rapports de la Révolution et de la religion ? Quelle religion fondera et sauvera le monde moderne ?

C'est pourquoi une apologétique qui se fonde uniquement sur eux (les points de vue de Chateaubriand), laissant ainsi échapper les visées centrales du christianisme, ne pouvait, ? la longue, être efficace, et l'histoire l'a bien prouvé. Il reste qu'en ce qui concerne spécialement la France, on aurait pu prendre plus ? cœur les suggestions de Chateaubriand et mettre mieux en lumière les pressentiments délicats et confus qui l'animaient, au lieu de se précipiter pour un demi-siècle dans un intégrisme politico-religieux bien autrement stérile et sans espoir, condamné ? être relayé par un laïcisme tout aussi pervers, mortel pour le cœur de la nation. Hans-Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, I, p. 78.

Nous évoquerons les premiers témoignages littéraires de Chateaubriand sur la Révolution. Ils posent deux questions fondamentales : quels sont les rapports de la Révolution et de la religion ? Quelle religion fondera et sauvera le monde moderne ? C'est dire d'emblée que nous considérons l'auteur du Génie comme un écrivain authentiquement et profondément chrétien et que l'Essai, loin d'être une œuvre mineure, sert de fondation à l'ensemble du grand œuvre.

L'Essai sur les révolutions, en 1797, est marqué du plus sombre pessimisme : les sophismes et les crimes de la politique vont de pair avec l'échec consommé du christianisme ; le retour à la liberté naturelle est une illusion. Ce pessimisme donne leurs couleurs tragiques à Atala et René : au récit de la fin du monde des bons sauvages répond la vie avortée du dernier rejeton de la vieille Europe chrétienne mais révolutionnée. Pourtant le Génie du Christianisme, en 1802, affirme la possibilité d'une société nouvelle, fondée dans une renaissance du christianisme. [...]

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