Bref Quod aliquantum (1791)

Pie VI
La Révolution - n°83 Mai - Aout 1989 - Page n° 182

Extraits du Bref

À ses fils, et à ses vénérables frères, salut et bénédiction apostolique.

L'importance du sujet, et les affaires pressantes dont nous étions accablés, nous ont forcé, nos chers fils et nos vénérables frères, de différer quelque temps notre réponse à votre lettre du 10 octobre, signée d'un grand nombre de vos illustres collègues. Cette lettre a renouvellé dans notre coeur une douleur profonde qu'aucune consolation ne pourra jamais adoucir, et dont nous étions déjà pénétrés depuis le moment où la renommée nous avoit appris que l'assemblée nationale de France, appellée pour régler les affaires civiles, en était venue au point d'attaquer par ses décrets la religion catholique, et que la majorité de ses membres réunissoit ses efforts pour faire une irruption jusque dans le sanctuaire.

Nous avions d'abord résolu de garder le silence, dans la crainte d'irriter encore ces hommes inconsidérés, par la voix de la vérité, et de les précipiter dans de plus grands excès. Notre dessein étoit appuyé sur l'autorité de S. Grégoire-le-Grand, qui dit, qu'il faut peser avec prudence les circonstances critiques des révolutions, pour ne pas laisser la langue se répandre en discours superflus, dans les occasions où il faut la réprimer ; c'est à Dieu que nos paroles se sont adressées, et nous avons aussi-tôt ordonné des prières publiques, pour obtenir de l'Esprit-Saint qu'il daignât inspirer à ces nouveaux législateurs la ferme résolution de s'éloigner des maximes de la philosophie du siècle, et de s'attacher invariablement à ces principes salutaires auxquels la religion les rappelle. En cela nous avons suivi l'exemple de Suzanne, qui, selon l'observation de S. Ambroise, fit plus par son silence, qu'elle n'eût pu faire par ses paroles ; elle se taisoit devant les hommes, mais elle parloit à Dieu : lors même qu'on n'entendoit pas sa voix, sa conscience étoit éloquente ; elle ne cherchoit pas le jugement et l'opinion des hommes, parce qu'elle avoit pour elle le témoignage de Dieu.

Tandis que nous nous livrions à ces soins, une nouvelle encore plus désolante est venue nous frapper ; nous apprenons que l'assemblée nationale, c'est-à-dire, la majorité (c'est toujours dans ce sens que nous nous servirons de cette expression) ; nous apprenons que l'assemblée nationale, vers le milieu du mois de juillet, avoit publié un décret qui, sous prétexte de n'établir qu'une constitution civile du clergé, ainsi que le titre sembloit l'annoncer, renversoit en effet les dogmes les plus sacrés, et la discipline la plus solennelle de l'église, détruisoit . les droits du premier siège apostolique, ceux des évêques, des prêtres, des ordres religieux des deux sexes, et de toute la communion catholique, abolissoit les cérémonies les plus saintes, s'emparoit des domaines et des revenus ecclésiastiques, et entraînoit de telles calamités, qu'on auroit peine à les croire si on ne les éprouvoit. (...)

AU plus fort de notre douleur, vers la fin du mois d'août, nous avons reçu une lettre de notre très-cher fils en Jésus-Christ Louis XVI, roi très-chrétien, dans laquelle il nous presse, avec beaucoup d'instances, de confirmer par notre autorité, du moins provisoirement, cinq articles décrétés par l'assemblée, et déjà revêtus de la sanction royale. Quoique ces articles nous parussent contraires aux canons, cependant, par égard pour le roi, nous crûmes devoir user de ménagement dans notre réponse ; nous lui écrivîmes que nous soumettrions ces articles à une congrégation de vingt cardinaux, dont nous ferions remettre les opinions par écrit, pour les examiner nous-mêmes à loisir, et les peser avec toute la maturité qu'exige une affaire aussi grave. Dans une autre lettre plus particulière, nous priâmes le roi lui-même d'engager tous les évêques de son royaume à lui faire connoître leurs sentimens avec confiance, à nous communiquer à nous-même le parti qu'ils seroient convenus de prendre, et à nous instruire de tout ce que la distance des lieux déroboit à notre connoissance, pour que nous n'eussions aucune fausse démarche à nous reprocher. Nous n'avons cependant reçu jusqu'ici de votre part aucun renseignement sur la conduite que nous avons à tenir dans cette occasion ; (...)

I1 nous est cependant parvenu une exposition manuscrite de vos sentimens sur la constitution du clergé, que nous avons ensuite reçue imprimée, dont le préambule présente un extrait de plusieurs décrets de l'assemblée, accompagnés de réflexions qui en font connoître l'irrégularité et le venin. Presque dans le même temps, on nous a remis une nouvelle lettre du roi, par laquelle il nous demande notre approbation provisoire pour sept autres décrets de l'assemblée nationale, à-peu-près conformes aux cinq qu'il nous avoit envoyés au mois d'août ; il nous fait part aussi du cruel embarras où le jette la sanction qu'on le presse de donner au décret du 27 novembre, décret qui ordonne aux évêques, à leurs vicaires, aux curés, supérieurs de séminaires, et autres fonctionnaires ecclésiastiques, de prêter, en présence des municipalités, le serment de maintenir la constitution, et, s'ils n'obéissent au terme prescrit, leur inflige les peines les plus graves. Mais nous avons répété et confirmé ce que nous avions déjà déclaré, et ce que nous déclarons encore, que nous ne publierons point notre jugement sur ces articles, avant que la majorité des évêques ne nous eût clairement et distinctement exposé ce qu'elle en pense elle-même. (...)

Nous attendons donc un exposé fidèle de vos avis, de vos sentiments, de vos résolutions, signés de tous, ou de plus grand nombre. Nos idées s'appuyeront sur ce monument comme sur une base solide ; il sera le guide et la règle de nos délibérations ; il nous aidera à prononcer un jugement convenable, également avantageux pour vous et pour tout le royaume de France. En attendant que notre vœu s'accomplisse, nous trouvons dans vos lettres des secours qui nous facilitent l'examen de tous les articles concernant la constitution du clergé.

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