Diaconie du Christ" : de l’analogie pratique à la catégorie théologique

Le Christ est le Serviteur du Père, et déclaré tel par lui : le mystère de la condition de serviteur est l'objet d'une révélation du Père, et s'enracine dans l'être du Christ. Les diacres sont donc indissociablement serviteurs du Christ et témoins du Christ Serviteur.

Aujourd'hui, il n’est plus possible d’aborder la question du diaconat sans passer par la notion de « diaconie » (ou service) du Christ. Aucun article, aucun livre traitant de ce sujet n’en fait désormais l’économie. Cette notion est devenue une sorte de lieu commun, de passage obligé. Ne serait-ce pas une tâche urgente de vérifier le bien-fondé de cette évidence au plan de la théologie sacramentelle ?

En effet, poser que le diacre est configuré au Christ-Serviteur pour manifester, signifier, ou encore et plus simplement vivre ce « service », renvoie, dans le domaine de la théologie sacramentelle, à une autre configuration : celle du prêtre au Christ-Prêtre. Le sacerdoce définitivement nouveau de Jésus, dont parle l’Épître aux Hébreux, autorise l’usage d’une telle expression, et permet d’expliciter la notion, définitivement nouvelle elle aussi, du sacerdoce ministériel de la Nouvelle Alliance. La réflexion sacramentelle peut s’ancrer, dès lors, sur l’Écriture, et se développer ensuite. Or il n’en est pas de même pour la notion de « diaconie du Christ ». S’il semble aller de soi que le Christ s’est fait le « serviteur » de ses frères tout au long de sa vie publique en venant au secours de leurs misères, on chercherait en vain une réelle élaboration christologique de ce « service », comparable à celle du Christ-Prêtre, et ayant la même valeur opératoire dans le domaine théologique. Le concept de « configuration » utilisé dans la théologie sacramentelle est beaucoup plus qu’analogique, au point qu’il paraîtrait aberrant de dire que l’évêque, ou le prêtre, est « prêtre » comme le  Christ est prêtre, et seulement cela. [...]