Lettre à un jeune diacre

A quoi servent les diacres ? Face à tous ceux qui veulent faire du diacre « permanent » une porte ouverte à toutes leurs revendications, ou face à ceux qui au contraire stigmatisent son inutilité, une seule réponse s'impose : à rien. Don de l'Esprit à l'église, c'est précisément comme serviteur inutile que le diacre manifeste pleinement la toute-puissance du Fils de l'Homme venu pour servir et non pour être servi.

Cher frère dans le diaconat,

Pourquoi des diacres ? La question t’a été posée, et tu m’as demandé comment j’essaie d’y répondre. Il y a d’abord les mauvaises réponses, celles qui voient dans les diacres une réponse à la raréfaction du nombre des prêtres, ou une porte ouverte pour l’ordination sacerdotale d’hommes mariés, voire pour le mariage des prêtres, ou encore une promotion pour le laïcat (ceux-là ignorent que nous sommes membres du clergé – « le diacre est clerc, c’est clair », dit le canoniste de mon diocèse), ou au contraire une barrière pour s’opposer à cette promotion et une volonté de cléricaliser les laïcs. Bref, à tous ceux qui se servent du diaconat pour régler leurs comptes avec l’Église, j’ai envie de dire : « Je vous en supplie, ne nous mêlez pas trop vite à vos problèmes. Le diaconat comme état permanent dans le ministère ordonné vient de renaître, nous sommes encore comme des nouveau-nés, ne vous conduisez pas comme ces parents qui se déchirent par enfants interposés, vous nous étoufferiez. »

Passons aux réponses sérieuses. On peut bien sûr prouver le diaconat à la façon dont d’autres prouvent la marche, en faisant ce que l’Église nous demande de faire, « servir le Peuple de Dieu dans la diaconie de la liturgie, de la Parole, de la charité » (Lumen Gentium, 29). Je pourrais te renvoyer à une abondante littérature de témoignages sur toute la diversité des engagements des diacres dans l’Église et le monde, en France et ailleurs depuis la restauration du diaconat comme degré propre et permanent du ministère ordonné dans l’Église latine par le concile Vatican II. [...]