Père Jean Claude HANUS
Notre-Père IV Pardonne-nous
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n°256
Mars - Avril
2018 - Page n° 77
La remise des péchés a pour condition, dans l'Église, l'aveu personnel et sincère. Est montrée l'importance de cet aveu dans le sacrement de Réconciliation, pour la vie spirituelle du pénitent et pour celle de l'Église : l'aveu ne doit pas être compris comme l'exigence d'une lucidité sans faille sur soi-même, mais comme un lieu d'exercice des vertus théologales.
Le terme « aveu » reste chargé de connotations négatives : passer aux aveux, extorquer ou arracher des aveux sont des expressions qui appartiennent à ce registre des violences faites par l’homme ou à l’homme. Bon gré, mal gré, « avouer » signifie un arrachement de ce qui gît au plus profond de l’être, pour l’amener à la lumière ou dans toute autre sphère qui n’est plus celle du pur privé, de la solitude.
Il est aussi intéressant de noter, qu’anciennement, un homme sans aveu, signifiait « qu’il n’était lié à aucun seigneur, ne pouvait invoquer aucune protection ». C’est, justement, dans une relation au Seigneur que se situe l’aveu dans le sacrement de réconciliation. L’aveu personnel tient une place charnière et nécessaire que l’histoire de ce sacrement a toujours maintenue invariablement alors même qu’il a pu être contesté avec la promotion, dans certains lieux, de « l’absolution collective ». L’Église l’a toujours voulu sincère et, relativement rapidement, secret. Quand le sacrement de réconciliation s’appelait simplement « confession » il signifiait sans doute beaucoup plus fortement son ressort nucléaire ; en ce sens il aurait bien pu se dire « sacrement de l’aveu ». Aujourd’hui, l’accent est indubitablement mis sur la réconciliation entre le pénitent et l’Église, entre le pénitent et Dieu. Ce qui inscrit l’aveu beaucoup plus qu’il ne l’était avant, dans la dynamique de la vie théologale, de la vie de relations.
1. L’aveu des péchés dans le Nouveau Testament
Le problème de l’aveu personnel des péchés ne se pose pas explicitement dans l’Ancien Testament car, dit saint Thomas :
Alors n’avait pas encore été institué le pouvoir des clés, qui dérive de la Passion. Il n’y avait donc pas encore de prescription demandant au pécheur de joindre à la douleur de ses fautes la ferme résolution de se soumettre par la confession et la satisfaction au pouvoir ecclésiastique des clés, dans l’espoir d’obtenir son pardon par la vertu de la passion du Christ (ST III.84.7.s2).
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