Le Pardon - Homélie sur le pardon à partir du débiteur impitoyable

Mgr Jean-Pierre BATUT
Notre-Père IV Pardonne-nous - n°256 Mars - Avril 2018 - Page n° 65

Prononcer le Notre Père suppose d'avoir accordé soi-même le pardon pour demander à Dieu le pardon de nos offenses. Ce préalable peut être compris en fonction de la parabole du débiteur impitoyable : il y a avant tout un pardon originaire de Dieu qui nous restaure, nous rend capables de pardonner et constitue le gage exigeant d'un pardon à donner.

 

L’homme est pécheur. Il a besoin du pardon de Dieu. Ce pardon, il l’obtient dans le Christ : tel est le premier élément du mystère de la Rédemption. Mais, comme pour le commandement de l’amour, un second en découle, qui lui est semblable : « Si Dieu nous a tant aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (1 Jean 4, 11). Si Dieu nous a tant pardonné, nous devons pardonner à notre tour, et ne mesurer notre pardon qu’à l’aune de son amour.

La parabole dite du « débiteur impitoyable », au chapitre 18 de saint Matthieu, n’est pas seulement une réponse imagée à la question posée par Pierre : « Combien de fois dois-je pardonner à mon frère ? ». Elle fait écho à la prière du Notre Père, donnée par Jésus au chapitre 6, et tout particulièrement à la demande du verset 12 : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons déjà remis à nos débiteurs ». Nous voilà donc prévenus, comme Pierre aurait dû l’être : « si vous pardonnez aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne vous pardonnera pas » (6, 14-15) ; « du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on usera pour vous » (7, 2). 

Avouons que cette mise en parallèle de notre pardon et du pardon de Dieu suscite en nous un malaise. Si le second découle ainsi du premier, nous voilà en bien mauvaise posture ! Si Dieu notre Père subordonne le pardon de nos fautes à la façon dont nous-mêmes pardonnons celles de nos frères, quelle menace pèse sur nous, qui pardonnons si chichement – mieux : qui constatons que pour pardonner « de tout son coeur », il ne suffit pas toujours de le vouloir… 

Regardons-y de plus près cependant. Si notre pardon était absolument premier, il y aurait de quoi être épouvanté. Mais ce que la parabole de ce jour nous apprend, c’est que le pardon le plus originaire n’est pas le nôtre, mais celui de Dieu. La demande du Notre Père : « Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes avons déjà remis » s’éclaire en effet par une autre phrase, empruntée à la parabole : « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » Cette question fait de la parabole du débiteur impitoyable un véritable commentaire du Notre Père. Le peuple de ceux qui prient le Notre Père est le peuple [...]

 

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