La refondation d’une approche canonique de l’Écriture, dans le contexte de la réception de la Constitution conciliaire Dei Verbum

Abbé Olivier ARTUS
L'exégèse canonique - n°265 Septembre - Octobre 2019 - Page n° 51

Les études exégétiques de la fin du XXe siècle ont, par leurs résultats, remis en cause les présupposés mêmes de l’exégèse historico-critique, en mettant au jour un mouvement « d’exégèse intrabiblique », en particulier à l’intérieur de l’Ancien Testament. Dans le même temps, la fin du XXe siècle voit se développer une nouvelle « approche canonique » de l’Écriture qui met l’accent sur l’identité théologique véhiculée par les traditions bibliques.  Les travaux de la Commission biblique pontificale, puis l’exhortation post-synodale Verbum Domini dessinent alors les contours d’un renouveau de l’exégèse catholique qui, sans abandonner la question de l’histoire, l’articule de manière systématique à celle de la réception ecclésiale des traditions bibliques.

 

« Il ne faut pas, pour découvrir exactement le sens des textes sacrés, porter une moindre attention au contenu et à l’unité de toute l’Écriture » (Dei Verbum 12).

La Constitution dogmatique Dei Verbum du concile Vatican II, tout en prenant en considération la dimension critique de l’exégèse biblique, déjà mise en relief par l’encyclique Divino Afflante Spiritu (1943), propose une approche systématique du rapport entre exégèse et théologie, ayant pour point de départ la question de la révélation et débouchant sur l’énoncé de principes régissant l’interprétation ecclésiale des traditions bibliques. En effet, en articulant étroitement Écriture sainte et Tradition ecclésiale d’interprétation de l’Écriture1, la Constitution conciliaire invite à mettre en relation deux dimensions complémentaires de l’exégèse biblique :

  • La mise au jour de l’enracinement historique des traditions bibliques : « Il faut, en conséquence, que l’interprète cherche le sens que l’auteur saint, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et l’état de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de fait, exprimé » (DV 12) ;
  • Leur interprétation à la lumière de la Tradition de l’Église : « Il est donc clair que la sainte Tradition, la Sainte Écriture et le Magistère de l’Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires  entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sansles autres » (DV 10).

La Constitution Dei Verbum suggère que l’attention au contexte canonique d’énonciation des traditions bibliques puisse constituer un point de passage entre l’analyse littéraire du texte et son interprétation ecclésiale : la Bible, considérée comme un texte unifié, est la règle de foi des communautés chrétiennes. Chacune des traditions littéraires qui la composent doit donc être située dans son contexte canonique d’énonciation : « Puisque la Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger, il ne faut pas, pour découvrir [....]

 

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1 « La Sainte Tradition et la Sainte Écriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Car toutes deux, jaillissant d’une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin » (DV 9).

 


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