Liturgie et canon des Écritures

Mgr. Éric de MOULINS-BEAUFORT
L'exégèse canonique - n°265 Septembre - Octobre 2019 - Page n° 101

La liturgie fut le lieu de la définition progressive du canon des Écritures. Elle est, aujourd’hui, après la réforme liturgique initiée par le concile Vatican II, le lieu où sont mis en relation les différents éléments du canon − Ancien Testament, Lettres apostoliques et Évangiles. Placé dans le contexte du Canon, et proclamé dans la liturgie, chaque texte dépasse sa visée première et historiquement contingente, et a pour fonction de susciter et de nourrir la foi en Jésus-Christ. Les Évangiles montrent comment Jésus-Christ, par son itinéraire singulier, hérite des promesses faites à Israël et en permet l’accomplissement. C’est la fonction de l’homélie de manifester l’originalité et l’actualité de cet accomplissement.

 

« La sacramentalité de la Parole se comprend alors par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés » (Verbum Domini 56).

L’usage liturgique d’un livre a été, cela est abondamment rappelé dans ce cahier, un critère décisif de son insertion définitive dans le canon des Écritures chrétiennes, à mesure que celui-ci s’est constitué et a été considéré comme clos. Ce fait est déjà décisif pour l’exégèse de tout livre biblique : il signifie en effet que celui-ci est considéré non seulement comme digne d’une lecture liturgique mais aussi comme recevant sa pleine signification de sa proclamation dans la liturgie. Cette proclamation n’a jamais été et n’est jamais exhaustive : quelques passages seulement sont utilisés dans les célébrations ; cependant, la conscience chrétienne comprend que l’ensemble du livre y trouve le milieu pour lequel il a été rédigé et sur lequel il exerce son efficacité, afin que l’assemblée devienne en vérité, le plus possible, le peuple de Dieu. En d’autres termes, que l’usage liturgique ait déterminé la canonicité d’un livre signifie que ce livre n’a pas pour fonction première d’informer sur l’histoire religieuse, de recueillir des histoires passées, de collectionner des prières ou des maximes des anciens, mais de concourir à former le peuple de l’Alliance, tiré de l’humanité et en vue du salut de celle-ci.

La réforme liturgique voulue par le concile Vatican II renforce encore cette perception des Écritures saintes. Elle a voulu que d’amples passages de l’Ancien Testament tout autant que du Nouveau soient proclamés pour les fidèles, tant dans la messe que dans les autres célébrations sacramentelles. De nouveau donc, après des siècles d’un usage plus réduit mais non pas nul pour autant, les différents livres de l’Écriture sainte habitent la liturgie de l’Église. La constitution dogmatique Dei Verbum du second concile du Vatican insiste sur la « double table de l’Écriture et de l’Eucharistie », et non simplement sur les deux tables. La liturgie de la Parole n’est donc pas seulement une préparation de la liturgie eucharistique, une antichambre ou une pédagogie. Elle est une dimension essentielle du sacrifice célébré pour qu’advienne le règne de Dieu et grandisse le Corps du Christ. De ce point de vue, l’appartenance au canon fait ressortir que chaque livre biblique participe à la Parole que le Dieu vivant adresse aux êtres humains de tous lieux et de tous temps. Que cette parole ait surgi en un lieu et un temps donnés et qu’elle ait été mise par écrit d’un coup ou selon un long processus dont les coutures se repèrent à un regard attentif et informé, reste qu’elle est [...]

 

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