La position de serviteur

Le diaconat est dévoilement d’un mystère. Il le dévoile « par position », c’est-à-dire dans sa manière de se situer par rapport aux autres ministères ordonnés, et de les situer par rapport à lui. Ce mystère est celui d’un pouvoir d’origine divine, qui s’est exercé et a triomphé en ce monde en se désappropriant totalement de lui-même.

Celui qui s’interroge sur la restauration du diaconat, comme elle fut décidée au concile Vatican II, n’éprouve pas toujours qu’il frôle un profond mystère. Mais il en perdra à coup sûr la sensation fugace, pour peu qu’il laisse le mouvement intuitif de sa foi se mettre à la remorque des arguments de circonstance sous lesquels cet événement fut vite attrapé. Et d’abord, si l’on a restauré le diaconat permanent, c’est en réalité parce qu’il était demeuré dans l’Église, parce qu’il était là, mais celé. On se tromperait en particulier, lorsqu’on imaginerait d’après une logique purement fonctionnelle, que les emplois d’assistance de l’antique diaconat n’étaient pas assez remplis, et qu’il fallait améliorer enfin le service de l’Église, par exemple vis-à-vis des pauvres, en restituant cet ordre dans son isolement sacramentel. Ces temps récents de l’Église ont montré l’ampleur et la souplesse de la charité des Chrétiens, des religieuses en tout premier : il n’est pas expédient de chercher les principes de la réflexion théologique de ce côté-là. On se tromperait encore, selon nous, si d’une façon très épaisse, et non pas dans cet équilibre symbolique que nous aimerions dégager, équilibre mieux accordé à l’essence du diaconat, on jugeait que cette restitution n’avait servi qu’à introduire les hommes mariés dans la hiérarchie des ordres. Comme si le célibat demandé et dévolu par grâce aux évêques et aux prêtres était l’expression ou l’occasion d’une déficience constitutive du sacerdoce – il en est d’accidentelles assurément : en ce cas, la raison du théologien serait tenue de remonter jusqu’à l’origine même de cette déficience, laquelle ne pourrait  se chercher ailleurs que dans le modèle christique de ce célibat. [...]

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