Victoire sur le marxisme en Pologne

Cet article analyse le rôle de l'église polonaise dans l'élaboration d'un modèle social se substituant au modèle communiste. Il récuse la thèse selon laquelle l'église polonaise aurait dû, en 1989, inciter à une action directe contre le régime communiste.

L'effondrement des régimes marxistes en Europe de l'Est mérite une at tent ion particulière. Quel s facteurs ont donc dévalué l'idéologie qui fascinait tant d'intellectuels occidentaux ? Le rejet lui-même — exprimé dans les changements récents du bloc soviétique — n'implique pas une rupture complète avec le marxisme. La recherche des « seules solutions théoriques justes », l'esprit d'intolérance, la praxis éthique de compromis inacceptables sur les valeurs ou l'acceptation de conduites morales anormales comme composantes inévitables de l'existence humaine, donnent quelques exemples de ces restes du mode de pensée marxiste, éléments existentiels bien plus stables que les principes mêmes du marxisme doctrinaire. On ne pouvait espérer qu'un demi-siècle de lavage de cerveau organisé n'ait aucune conséquence culturelle. Ces conséquences néfastes sont visibles dans la société polonaise. Sans m'arrêter à montrer leur importance, je préférerais montrer que, dans la défense sociale et culturelle de notre société, les facteurs religieux et intellectuels ont dominé. Ils facilitent la reconstruction d'un modèle social différent de celui des idéologues marxistes. Ce rôle de la pensée pour se soustraire aux enchantements de la vision marxiste a été mal perçu par les intellectuels occidentaux : ils exposent le déclin du communisme en termes purement pragmatiques et — suivant sans s'en rendre compte le principe bien connu de Marx — voudraient transformer le contenu même du marxisme plutôt que de comprendre ses échecs. [...]

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