Saint Augustin: deux amours ont fait deux cités

La Cité de Dieu permet de considérer saint Augustin comme le théologien de l'amour. ''Chacun est ce qu'est son amour'': la charité est l'unique critère et la conversion à l'amour s'impose dans tous les domaines : psychologique (la conversion d'Augustin), moral, social et culturel.

Deux amours ont fait deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité terrestre ; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, la cité céleste.

La Cité de Dieu, XIV, 28

Saint Augustin est à plusieurs titres un personnage marquant de la culture occidentale. C'est son grand oeuvre, La Cité de Dieu, qui le rend universel, en introduisant dans l'histoire de la pensée, malgré un horizon indubitablement religieux, des points de référence en ce qui concerne les grandes questions de l'humanité. En effet, ce texte représente la première grande ébauche d'une philosophie et d'une théologie de la société et de l'histoire — et qui plus est, ayant l'amour pour principe fondamental. Vu l'importance et de l'oeuvre et de la thématique qui la sous-tend, il n'est pas exagéré de considérer saint Augustin comme le philosophe ou comme le théologien de l'amour. Si on ne l'a pas fait, c'est plutôt à cause de la richesse du penseur, qui peut prétendre à d'autres titres, qu'à cause de l'illégitimité de l'appellation. En effet, l'amour occupe dans cette oeuvre la position centrale, à partir de laquelle tout prend sens, tout s'enracine, le bien comme le mal. Il peut encore servir de modèle à notre existence et à notre pensée. [...]

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