La maladie, " état naturel des chrétiens " ?

M. Jean MESNARD
Guérir et sauver - n°11 Mai - Juin 1977 - Page n° 84

Pascal a su reconnaître dans la maladie moins une déchéance que la traduction physique de notre inévitable situation spirituelle : entre le péché et la gloire, la grâce nous fait affronter, pour le vaincre, le péché.
La première page, 84, est jointe.

GILBERTE Pascal, auteur d'une Vie de son frère Blaise, où elle  rapporte en détail les souffrances qu'il endura lors de sa dernière maladie et l'extrême patience avec laquelle il ne cessa de les sup­porter, lui prête ces paroles, prononcées « au plus, fort de ses douleurs » : « Ne me plaignez point ; la maladie est l'état naturel des chrétiens, parce que l'on est par là comme on devrait toujours être, dans la souffrance des maux, dans la privation de tous les biens et de tous les plaisirs des sens, exempt de toutes les passions qui travaillent pendant tout le cours de la vie, sans ambition, sans avarice et dans l'attente continuelle de la mort. N'est-ce pas ainsi que les chrétiens doivent passer leur vie ? » (1). Voilà qui contredit à merveille la mentalité contemporaine, si puissam­ment investie par les mythes du confort et de la santé, par ceux de la vie et de l'action, enfin par celui de l'efficacité, fût-ce dans l'exercice de la charité. On est tenté de réduire la portée des propos qui nous ont été transmis. Boutade de la part d'un malade agacé par les attentions trop constantes de son entourage ? Ou bien, de la part de l'auteur de la Vie, exagération édifiante, touche habile dans la composition d'un visage de saint ? Il se peut. Mais dans toute son œuvre, principalement dans les Pensées et dans l'admirable Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, Pascal lui-même s'est amplement expliqué sur le sujet, l'envisageant sous de multiples faces, en philosophe, en théologien, en exégète, en spirituel. Pour résumer l'ensemble de ses vues, la formule "la maladie est l'état naturel des chrétiens » n'est pas loin de constituer la meilleure approximation possible. Encore faut-il en dégager le sens

(1) Voir Pascal, Œuvres complètes, éd. Jean Mesnard, t. 1, Paris, Desclée De Brouwer, 1964, p. 599 (cf. p. 639).

et la situer au sein d'une pensée qui comporte en définitive autant de nuances que de rigueur (2).

LA MALADIE, SIGNE DE LA CONDITION HUMAINE


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