Ce n'est pas à chaud, mais après mûre réflexion, que l'église, à partir du début de notre siècle, a canonisé certaines des victimes des violences révolutionnaires, non sans susciter des controverses. Il fallait distinguer avec soin ceux qui étaient morts pour la foi menacée, et, en particulier, peser avec soin la valeur des différents serments que la République demanda de prêter, et que les martyrs refusèrent ou non de prêter.

La Révolution française, comme moment historique de rupture d'une Nation avec le christianisme, de persécution d'un Etat contre .l'Eglise catholique, son clergé et ses fidèles, était-elle propre à faire de ses victimes des martyrs au sens canonique du terme, c'est-à-dire des bienheureux ou des saints ayant souffert in odium fidei jusqu'au sacrifice de leur vie ? Le gouvernement révolutionnaire pouvait-il tenir l'emploi du persécuteur des siècles de Dioclétien ou de Julien ? Tel est l'enjeu de la béatification des premiers martyrs de la Révolution au regard du Saint-Siège.

Hagiographie et Révolution

C'est à la suite du premier centenaire de la Révolution, dont le temps fort est pour l'Eglise de France l'anniversaire des persécutions, que s'engage un ample projet de sacralisation du sacrifice. Sur l'initiative d'Arthur Captier, supérieur général de Saint-Sulpice et postulateur de la cause, et sous l'autorité du cardinal Richard, archevêque de Paris, est conduit à Paris de 1896 à 1899, avec l'assentiment du cardinal Masella, préfet de la Congrégation des Rites, le procès de béatification des seize Carmélites de Compiègne exécutées en juillet 1794. Le 21 mars 1901, à l'Institut Catholique  de Paris, le même cardinal Richard préside à l'ouverture de la première session du procès de béatification des prêtres martyrs des massacres de septembre 1792. [...]

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