Habiter au Sanctuaire Jésus-Christ et le Temple

L'incarnation de Jésus-Christ a bouleversé la vie religieuse des croyants dans le culte rendu à Dieu et surtout dans leur conception du sanctuaire. Le Christ devient dans sa personne même le sanctuaire, personnalisation qui fait de Lui la sainte demeure que les hommes sont invités à habiter, pour vivre de la plénitude de l'amour du Christ, en réponse à l'exigence du Père qui veut être adoré en esprit et en vérité.

«Visible and invisible, two worlds meet in Man; Visible and invisible must meet in His temple; You must not deny the body.» T.S. Eliot¹

Qu’est-ce qui est saint pour l’homme ? Cette question clef se pose dès le début du christianisme. «Que ton nom soit sanctifié » est la première demande que Jésus enseigne à ses disciples. Un titre archaïque, qui tient à son action de sanctification, le désigne lui-même comme le « Saint de Dieu » (Marc 1, 24). Les premiers chré tiens se considèrent tout naturellement comme les saints et comprennent par là qu’il leur a été offert d’être en rapport avec le Saint tout court. Ce rapport qui modifie l’être, a des effets physiquement contagieux (1 Corinthiens 7, 14), et va plus profond qu’un degré héroïque de vertu. C’est par un rituel de sanctification que Jésus commence son activité au Jourdain. Il la termine sur la croix parce que, par son engagement en faveur de la sainteté de Dieu dans le sanctuaire d’Israël, il a troublé une paix qui n’avait pas grand-chose de saint. Luc fait commencer son récit de l’enfance de Jésus au Temple de Jérusalem, la propriété de son père, dans laquelle le jeune Jésus, d’une manière mystérieusement évidente, doit être (Luc 2, 49). Et c’est seulement lorsque les portes du Temple sont refermées derrière Paul, détail révélateur, (Actes 21, 30) que s’achève la première époque du christianisme. Enfin, le quatrième évangéliste déclare que Jésus lui-même est le sanctuaire vivant. [...] 

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1. ELIOT, Choruses of «The rock » I, in Collected Poems 1909-1962, Londres, 1963, 2002, p. 172.