Prier dans l'Esprit

Si le Notre Père tient une place particulière dans la vie liturgique, c'est qu'il est la prière par excellence, celle qui nous a été enseignée par le Christ. Fruit de la prière personnelle de Jésus, enracinée dans celle des Psaumes, il est l'origine et le centre de toute prière chrétienne. En lui sont exprimés tous les aspects de notre relation à Dieu.

 La formule liturgique qui introduit le Notre Père au cours de la célébration eucharistique est solennelle et précise : «Comme nous l’avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire... ». Elle donne une idée du sérieux lié à ce moment, de notre reconnaissance envers Jésus et du grand respect avec lequel nous allons prier. À la vue des deux autres expressions proposées elles aussi dans le missel, on comprend combien la prière du Christ est loin d’être évidente. Ces formules disent le statut de ceux qui peuvent oser dire le Notre Père, parce que Jésus Lui-même le leur a enseigné : «Nous sommes appelés enfants de Dieu, et nous le sommes (1 Jean 3, 1), c’est pourquoi nous prions pleins de confiance... ». De Paul provient la formulation où intervient l’Esprit Saint (Galates 4, 6 ; Romains 8, 15) : « Nous avons reçu l’Esprit qui nous crée fils de Dieu, c’est pourquoi nous osons dire... » La liturgie a besoin de ces formules pour distinguer le Notre Père de toutes les autres prières de la célébration, même de la prière eucharistique. Car cette prière est un présent du Christ. Le texte liturgique ne correspond pas exactement aux versions du Nouveau Testament, mais le Notre Père se situe au même rang que les lectures tirées de l’Écriture, elles mêmes ponctuées par des formules telles que «Parole du Seigneur» ou «Évangile de Jésus-Christ».

Dans la prière personnelle, ces introductions ne sont pas nécessaires. Le Notre Père peut être dit aussi comme oraison jaculatoire. Mais il est exclu qu’il soit débité à toute allure comme une ritournelle. Donner trois Pater et trois Ave en pénitence est impensable – peut-être moins pour les pénitents qui pourraient se réjouir de s’en tirer à si peu de frais ! – [...]

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