La naissance d'un genre littéraire : « le catéchisme »

Guy BEDOUELLE

La lecture des « visites pastorales » faites par les, siècle est assez consternante. Ces enquêtes révélaient en particulier l'ignorance de certains prêtres et des fidèles dans .le domaine de la doctrine chrétienne. Même si le blâme ne s'étend pas à la majorité des pasteurs, les documents détectent parmi eux une inquiétante proportion de debiles scientiae, d'ignari et même de totaliter ignari... qui a pu apparaître lorsqu'on a demandé à tous les prêtres de déchiffrer le canon de la messe qu'ils étaient censés célébrer ! On peut aisément en déduire que les fidèles ne devaient guère être plus informés de la foi de l'Église et présumer que la situation n'était pas propre au diocèse de Genève¹.

Un siècle et demi plus tard, un autre évêque de Genève, dépossédé de sa ville, il est vrai, s'attachait à faire lui-même le catéchisme aux enfants convoqués par le joyeux tintamarre des clochettes et des cris : «A la doctrine chrétienne, d la doc­trine chrétienne qui vous enseignera le chemin du Paradis ! »². Cet évêque-catéchiste, François de Sales, venait de convoquer un synode (1603) qui avait l'enseignement de la foi « â peine de cinquante livres (d'amende) et de nostre indignation ». Il ne fait que montrer l'exemple par un zèle inspiré des directives du concile de Trente. [...]

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1. Louis Binz, Vie religieuse et réforme ecclésiastique dans le diocèse de Genève penddnt le Grand Schisme et la crise conciliaire (1378^.1450), Genève, 1973, p.339 s. et p.496.

2. Roger Devos, Saint François de Sales par les témoins de sa vie, Annecy, 1967, p. 192.