Une réhabilitation psychologique : Jeanne d'Arc

Jeanne d'Arc avait «des voix », de l'efficacité, du charme et de la sainteté. Cela suffit-il à en faire une malade mentale ? On suggère ici que non.

Les psychologues, psychanalystes amateurs en ces domaines s'aventurent bien souvent à analyser la personnalité de nos contemporains les plus en vue ou celle des personnages historiques.

Leur prétention est d'expliquer avec leur théorie ce qui serait autrement incompréhensible au commun des mortels (Je vois, je vois ce que tu ne vois pas...). La psychanalyse a créé un véritable genre littéraire à partir de travaux de ce type. Les caractéristi­ques principales de ces « psycho-biographies » sont l'explication de beaucoup de• comportements comme ayant jailli d'un ou plusieurs « facteurs sous-jacents » ou la réduction de manifestations psychologiques variées à des origines presque méca­niquement liées à quelques trauma­tisme subi pendant l'enfance ; et d'au­tre part, une tendance à rabaisser les « grands hommes », puisque, suivant ces théoriciens, les personnes- étu­diées auraient été poussées à agir par des pulsions peu respectables, quoi­qu'inconsciemment. Un scandale fut ainsi causé par des études sur le séna­teur. Goldwater ou sur la famille Ken­nedy; en revanche, beaucoup des oeuvres relevant de ce genre littéraire‑psychologique jouissent d'un grand prestige.

Curieusement, ces études s'expriment sur un ton d'assurance sans remise en question possible qui est inversement proportionnel à la solidité de la théorie psychologique énoncée. Quelquefois ces théories — surtout en psychanalyse — semblent influencer les auteurs à un tel point qu'ils en viennent à perdre toute considération pour les « témoignages de gens du commun » émanant de l'entourage de la personne concernée. Alors l'auteur semble savoir comment est ou était « réellement» cette personne et subordonne la conduite et les actions de la personne étudiée à son hypothèse a priori. C'est spécialement vrai quand ill s'agit des aspects exceptionnels ou extraordinaires de la personnalité en question. Trop aisément ils sont expliqués comme les sous-produits d'un trouble, ou d'un caprice, avec cette conviction bien établie que les origines d'une personnalité en dehors du commun, ses traits de caractère ou ce qu'elle a accompli d'exceptionnel, tout son comportement en fin de compte est dû à une frustration, un complexe ou une obsession. L'exceptionnel ne peut s'expliquer que par le pathologique. [...]

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