Auguste Nicolas, un laïc apologiste au XIXe siècle

 Apologiste d’aventure et de fortune, Auguste Nicolas connut un immense succès avec ses Études philosophiques sur le christianisme. On a ici l’exemple d’une apologie célèbre et oubliée qui relève moins de la controverse que d’une présentation raisonnée de la foi chrétienne, qui a su répondre à l’inquiétude religieuse d’une époque, d’une manière positive. On envisage ici les raisons du succès et les limites de l’entreprise.

« Ne soyons ni incrédules ni crédules mais croyants et philosophes » (Études philosophiques sur le christianisme, Paris, 1852, t. 4, p. 310).

Succès d’un apologiste d’aventure et de fortune ¹

Rien ne prédisposait Auguste Nicolas (1807-1888), ancien avocat  la Cour royale de Bordeaux puis magistrat, marié et père de famille il eut neuf enfants), à devenir l’auteur à succès qu’il fut sa vie durant.
Son premier ouvrage, Études philosophiques sur le christianisme ², publié en quatre volumes entre 1842 et 1845, connut 26 éditions de son vivant, fut traduit en anglais, en allemand, en italien, en espagnol, en polonais et en grec. Il fut cité par Flaubert, dans Madame Bovary  (1857), quand, de part et d’autre du lit de mort d’Emma Bovary, l’apothicaire « philosophe », M. Homais et le prêtre, M. Bournisien,  s’opposent mutuellement leurs auteurs de référence ³. [...]

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1. Ainsi qu’il se désigne lui-même à la p. 2 de ses Mémoires inédits.

2. Les références seront données ici dans l’édition de 1852.

3. « Lisez Voltaire ! disait l’un ; lisez d’Holbach, lisez l’Encyclopédie ! – Lisez les Lettres de quelques juifs portugais ! disait l’autre ; lisez la Raison du christianisme, par Nicolas, ancien magistrat ! » Flaubert, OEuvres complètes, Paris, Seuil, coll. « L’Intégrale », 1964, p. 686. Flaubert confond avec le livre d’A. Eugène Genoude, La Raison du christianisme ou Preuves de la vérité de la religion, tirées des écrits des plus grands hommes de la France, de l’Angleterre et de l’Allemagne, Paris, 1836.