Défendre le chant, défendre l’Église – L’apologétique jésuite et la question musicale en France (fin XVIe-début XVIIe siècle)

Xavier BISARO
L’apologétique - n°231 Janvier - Avril 2014 - Page n° 145

Si on ne peut dire que la musique constitua un argument déterminant dans les controverses apologétiques qui suivirent la publication de l’Édit de Nantes, néanmoins les textes fondateurs d e l’opposition entre catholiques et calvinistes abordèrent le sujet du recours au chant dans le cadre du culte divin ou à des fins pastorales. Des jésuites tels que Pierre Coton (Institution catholique, 1610) et Michel Coyssard (Traicté du profit que toute personne tire de chanter en la doctrine chrestienne, 1608) développèrent des argumentations contrastées. La comparaison ces deux versants d’un même massif argumentaire permet de préciser le potentiel de la musique en tant qu’élément de l’outillage intellectuel de l’apologétique, mais aussi de cerner les difficultés inhérentes à son maniement hier comme aujourd’hui.


Il serait imprudent de prétendre que la musique constitua un argument déterminant dans la succession des querelles confessionnelles du XVIe siècle et, partant, dans celui des controverses apologétiques qui s’ensuivirent à compter de la publication de l’Édit de Nantes 1. Il n’en demeure pas moins que les textes fondateurs de l’opposition entre catholiques et calvinistes ne délaissèrent pas le sujet du recours au chant dans le cadre du culte divin ou à des fins pastorales. Dans son Institution de la religion chrestienne, Calvin réserve en effet quelques paragraphes à la définition de la musique d’église selon lui convenante 2. Après avoir cité saint Paul et saint Augustin

 

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1. Cet article est un des derniers dont j’ai pu m’entretenir avec le père Jean-Yves Hameline. En témoignage de ma reconnaissance, je le dédie à sa mémoire. Sur cet événement considéré comme un virage de la controverse confessionnelle, voir Stéphane-Marie MORGAIN, « Une grande oeuvre théologique de Richelieu : La Méthode la plus facile et la plus assurée pour convertir ceux qui se sont séparés de l’Église », Dix-septième siècle, n° 230 (2006/1), p. 133.

2. Pour une synthèse des positions de Calvin en matière de musique, voir Charles GARSIDE Jr., « The origins of Calvin’s theology of music : 1536-1543 », Transactions of the American Philosophical Society, LXIX/4 (1979), p. 1-36, et Bernard REYMOND, Le protestantisme et la musique – musicalités de la parole, Genève, Labor et Fides, 2002. Sur les premières conséquences liturgico-musicales des écrits de Calvin à Genève, Daniel TROCMÉ-LATTER, « The psalms as a mark of Protestantism : The introduction of liturgical psalm-singing in Geneva », Plainsong and medieval music, XX/2 (2011), pp. 145-163. Sur le versant luthérien de ce débat, voir Robin A. LEAVER, Luther’s liturgical music : principles and implications, Grand Rapids-Cambridge, William B. Eerdmans Publishing, 2007. Néanmoins, les propos de Calvin et, dans une moindre mesure, de Luther sur la musique s’inscrivent à la suite d’une vague de scepticisme à l’égard de la polyphonie ecclésiastique déjà très perceptible à la fin du XVe siècle ; Robert C. WEGMAN, The crisis of music in early modern Europe, 1470-1530, New York, Routledge, 2008.

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