L’Église une et unique – Perspectives œcuméniques de l’unité de l’Église

Il semble que le mouvement œcuménique soit arrivé à un moment charnière de son histoire. Le respect mutuel des différentes Églises chrétiennes suffirait pour plus d’un à constituer l’unité de l’Église. Les difficultés rencontrées pour progresser vers une véritable unité tiennent à l’idée que chaque Église chrétienne se fait de la sienne propre. Cet article tente de montrer quelles voies nouvelles devraient être explorées pour que le mouvement œcuménique puisse continuer à progresser.

1. Credo et réalité historique

Les chrétiens croient à « l’Église une, sainte, catholique et apostolique ». Cet article du credo de Nicée-Constantinople contient la croyance en une seule Église. Cette croyance qui, considérée d’un point de vue historique, n’a pu se développer et s’imposer qu’au cours du temps, se trouve être la première des quatre caractéristiques fondamentales (« notes ») de l’Église, ce qui exprime sans nul doute sa signification fondamentale pour la foi chrétienne. Mais si l’on considère simplement les deux mille ans d’histoire du christianisme et la situation actuelle dans laquelle il se trouve, cette confession ne va pas de soi. D’un côté en effet, tous les chrétiens l’approuvent. Cependant ces chrétiens, qui confessent une Église une, vivent dans des Églises et des communautés séparées et s’efforcent, par le dialogue oecuménique, de reconstituer l’unité perdue de l’Église. Se pose alors la question difficile de savoir comment, au vu de ce grand nombre d’Églises et de communautés, on peut parler d’une manière théologiquement responsable de l’Église une, telle que nous la confessons dans le symbole de Nicée-Constantinople.

La réponse à cette question complexe nécessite un diagnostic clair du problème, et tout d’abord un retour sur l’histoire. Et celui-ci montre que dès le tout début, il y a eu dans l’Église de grandes tensions, voire des divisions. La première séparation concerne celle du premier siècle entre la Synagogue juive et l’Église chrétienne, que le théologien catholique Erich Przywara a nommée la « déchirure originelle », dont il fait découvrir [...]

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