n°236 L'Eglise une Novembre - Décembre 2014*


Éditorial­­­­­­­­­­­­ Denis Dupont-Fauville : « Une seule chair »

Thème : L'Église une

Benoît-Dominique de La Soujeole : L’Église est-elle une personne ?

 La personnalité de l’Église peut être saisie soit à partir de son unité mystique avec le Christ (l’unité paulinienne de la Tête et du Corps, le « Christ total » de S. Augustin), soit à partir de sa distinction d’avec le Christ (la distinction également paulinienne du Christ-Époux et de l’Église-Épouse). Ces deux perspectives s’unifient dans la distinction et la relation du mouvement de la médiation descendante par laquelle Dieu fait grâce et du mouvement de la médiation ascendante par laquelle l’humanité rachetée fait retour à Dieu.

 Éric de Moulins-Beaufort : « À plusieurs un seul corps » –  Les dimensions eucharistiques de l’unité selon Henri de Lubac

 Pour Henri de Lubac, la visée de l'unité est celle de la destinée totale de l'humanité. La construction de l'unité du Corps se réalise dans l'Église par la célébration de l'Eucharistie : sacrifice de l'unité, celle-ci, par l'offrande du Christ dans la puissance de l'Esprit, rend complémentaires les "incompossibles". Dans le Christ, chacun peut mourir à lui-même pour tout recevoir des autres en étant reçu sans réserve par eux. À cet égard, la Rédemption accomplit ce que fondait la Création.

Peter Henrici : Les conférences épiscopales  –  Une contribution prometteuse à l’unité de l’Église

 Garantie par le collège épiscopal "avec le pape et sous le pape", l'unité de l'Église n'est pas celle d'une structure centralisée. La primauté pontificale ne se conçoit pas hors de la communion universelle, où chaque partie contribue au bien de l'ensemble. L'essor récent des conférences épiscopales permet de concevoir celles-ci, sinon comme des organismes collégiaux au sens strict, du moins comme des lieux d'apprentissage de la collégialité concrète. Leur valorisation par le pape François permet de voir en elles un moyen pour rapprocher l'Église des exigences de Vatican II.

Kurt Koch : L'Église une et unique  – Perspectives œcuméniques de l'unité de l'Église

 Il semble que le mouvement œcuménique soit arrivé à un moment charnière de son histoire. Le respect mutuel des différentes Églises chrétiennes suffirait pour plus d'un à constituer l'unité de l'Église. Les difficultés rencontrées pour  progresser vers une véritable unité tiennent à l'idée que chaque Église chrétienne se fait de la sienne propre. Cet article tente de montrer quelles voies nouvelles devraient être explorées pour que le Mouvement œcuménique puisse continuer à progresser

Ioan Moga : La synodalité entre désir et réalité – Une contribution orthodoxe

Un aspect essentiel du dialogue catholique-orthodoxe repose sur la recherche d’une réciprocité  entre les notions de primauté et de synodalité. Afin de mener à bien ce dialogue dans une compréhension et un enrichissement mutuels, l’auteur propose d’approfondir les fondements théologiques et anthropologiques de la synodalité, et montre pourquoi il convient de trouver un équilibre entre l’unité de l’Église et l’autonomie des communautés locales et des personnes. La pratique de la synodalité telle qu’elle est vécue actuellement au sein de l’orthodoxie représente, selon l’auteur, un exemple intéressant d’un tel équilibre.

 Aldino Cazzago : Paul VI, l’homme de l’unité des Églises

 La passion pour l'unité de l'Église sous-tend toute la sollicitude pastorale de Paul VI. Cinquante ans après sa visite aux Lieux saints et sa bouleversante rencontre avec Athénagoras, l'article revient sur la façon dont le discours du bienheureux pape ouvre la voie aux réconciliations qui ont suivi et comment les gestes qu'il a accomplis vont eux-mêmes au-delà des discours.

Günther Wassilowsky : « François – Évêque de Rome »  De l’actualité de la plus ancienne appellation papale

 De la première page de « l'Annuario Pontificio » 2013, ou comment la mise en exergue du titre « vescovo di Roma », avant tous les autres, peut être le signe d'une nouveauté dans la continuité, proposée par le pape François, concernant le rôle de l'évêque de Rome, qui se trouve être aussi le Pape de l'Église universelle, mais d'une manière peut-être différente.

 Christian Stoll : « Pierre dans l’édifice »    Hans Urs von Balthasar et la question de la place du pape dans la catholicité

 Le service de Pierre est décrit par l'Écriture avec une précision souvent négligée. Selon Balthasar, cette figure dessine un type qui garde valeur permanente, coextensif à l'Église de la même manière que son principe marial. Le fiat marial et le primat de Pierre et de ses successeurs renvoient l'un à l'autre et sont tous deux englobants pour la vie de l'Église. Car la seule préséance qui vaille est celle de l'amour, qui ne saurait se confondre avec des affects étrangers à la foi.

 Signet

Jean-Pierre Goudot : Constance – Regard sur trois acteurs

En ce 600ème anniversaire de l’ouverture du concile de Constance, lieu de tensions extrêmes, l’analyse des rapports de forces entre personnages ecclésiologiques est déterminante pour comprendre le processus et les enjeux de la résolution du plus long schisme pontifical de l’histoire : l’empereur, le Sacré-Collège et les évêques ont joué des rôles très contrastés. Quelles peuvent en être les suites en 2014 ?

 

≪ Une seule chair ≫   

Dupont-Fauville Denis  

L'Église est une parce qu'elle a son origine en Dieu Trinité, mystère d'unité et de pleine communion. Pape François (audience du 27 août 2014) 

Bien plus qu'une institution, [l'Église] est une vie qui se communique. Sur tous les enfants de Dieu qu'elle rassemble, elle met le sceau de l'unité. Henri de Lubac, Méditation sur l'Église, p. 44

De Jésus-Christ et de l'Église, il m'est avis que c'est tout un. Jeanne d'Arc, (Actes du procès

Quel étonnant mystère ! Il y a un seul Père de l'univers, un seul Logos de l'univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique ; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j'aime l'appeler l'Église. Clément d'Alexandrie, Pédagogue

Au moment de vivre sa Pâque et de remettre son Esprit à son Père en livrant son Corps aux mains des hommes, le Christ, en même temps qu’il institue l’Eucharistie, prononce une ultime prière en présence de ses disciples : la « prière sacerdotale », retranscrite dans le dix-septième chapitre de l’Évangile selon saint Jean. La demande principale en est l’unité, à la fois pour « ceux que le Père [lui] a donnés » et pour ceux qui, « grâce à leur parole, croiront » en Jésus1. Leur unité permettra de reconnaître dans le Christ l’envoyé du Père : « qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé2 ». Ainsi en cette prière « s’accomplit l’institution de l’Église, même si le mot “Église” n’y est pas utilisé. En effet, qu’est donc l’Église, si ce n’est la communauté des disciples qui, par la foi en Jésus-Christ comme l’envoyé du Père, reçoit son unité et est impliquée dans la mission de Jésus de sauver le monde en le conduisant à la connaissance de Dieu3 ? »

  Dire que le sommet de la supplication du Christ, au soir de sa Passion, concerne l’Église une, n’est évidemment pas anodin et montre le caractère fondamental de la première « note » attribuée à cette Église dans le Credo de Nicée-Constantinople. Loin d’être une déduction abstraite de théologiens intellectuels, la définition de l’Église comme « une » fait apparaître l’élément le plus essentiel de sa constitution, au point que, privée de cette caractéristique, l’Église ne pourrait être elle-même et l’oblation du Christ serait mise en échec.

  L’Épître aux Éphésiens développe cette perspective en soulignant comment « le Christ a aimé l’Église : il s’est livré lui-même pour elle, afin de la consacrer en la purifiant par le bain d’eau et la Parole, pour se présenter à lui-même cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut4 ». [...]

 

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1 Voir Jean 17, 9.20.

2 Jean 17, 22-23. 

3 J. Ratzinger / Benoît XVI, Jésus de Nazareth. De l’entrée à Jérusalem à la Résurrection, Éditions du Rocher 2011, p. 124.  

4 Éphésiens 5, 25-27.

Jean-Pierre Goudot : Constance – Regard sur trois acteurs

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