Daniel MOULINE
La religion des tranchées
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n°247
Septembre - Décembre
2016 - Page n° 65
Jusqu’où nécessités et circonstances de guerre malmènent-elles les règles canoniques régissant la célébration de la messe ? Le prêtre est un soldat, aussi exposé que ses ouailles dont il est plus proche. L’autel est parfois improvisé et le chant le fait d’une assistance d’hommes. La liturgie s’est adaptée à la guerre, en attendant que célébrants et fidèles retrouvent les pratiques antérieures.
On ne peut guère imaginer de contraste plus grand entre la célébration de l’eucharistie et l’atmosphère de la guerre : le recueillement préside à l’une et la violence à l’autre ; la première fait mémoire de la réconciliation opérée par le Christ tandis que la seconde – bien que finalisée en principe par la restauration de la paix – ne semble qu’aggraver le péché humain. Et pourtant, comment a-t-on célébré la messe – dont les rites sont alors extrêmement codifiés – dans les conditions de la guerre ? Le contexte est pluriel. Bien que considérant, en premier lieu, les soldats engagés dans les combats, nous ne devrons pas oublier les prisonniers et “l’arrière”. Plusieurs composantes méritent aussi une attention particulière : les adaptations liturgiques, la prédication et le chant. À défaut d’un panorama exhaustif, nous essaierons de présenter un tableau pertinent. Il se fonde avant tout sur un dépouillement de plusieurs publications de “la Bonne Presse”, aux mains des Assomptionnistes, complété par le recours à la correspondance des prêtres et séminaristes bourbonnais1 et à quelques autres témoignages.
1. Jusqu’où respecter la discipline canonique ?
Dans l’enseignement des séminaires, la messe fait l’objet de prescriptions multiples. Les règles minutieuses édictées par l’abbé Falise2 portent d’abord sur l’attitude du célébrant. Les consignes pour la simple préparation des objets nécessaires, même dans le cas de la messe basse, occupent trois pages du livre, les actions du prêtre et du servant sont strictement déterminées. Nulle part, on ne mentionne de possibilité de dérogation à ces règles. La simple participation des prêtres soldats au combat constitue un empêchement canonique qui devrait leur interdire de célébrer. Mais la Sacrée Pénitencerie a levé cet interdit, dès 1912, en obligeant seulement les prêtres concernés à demander, dès la fin du conflit, la levée de leur irrégularité. [...]
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1 Voir le chapitre 7 de notre livre : Prêtres soldats dans la Grande Guerre. Les clercs bourbonnais sous les drapeaux, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014, 336p.
2 Abbé Falise, Cérémonial romain et cours abrégé de liturgie pratique, 4e éd., Paris, Jouby, 1865, [VI] -III-630p.
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