Mme. Ivica RAGUŽ
Vieillir
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n°264
Juillet - Aout
2019 - Page n° 65
Le vieillissement fait affronter la marginalisation sociale, le culte de la jeunesse, le déclin physique et l’approche de la mort. La foi chrétienne permet de discerner dans ces épreuves des opportunités et même des bénédictions mais aussi des risques, comme il en est de propres à chaque âge de la vie.
Il est donc permis de cheminer du grand âge et des rides à la jeunesse, et ce qui est admirable dans cette mutation est que, tandis que le corps évolue de l’enfance à la sénilité, l’âme, si elle atteint son épanouissement, passe de la vieillesse à l’adolescence. (Origène, Homélies sur Ézéchiel, XIII, 2, 10)
C’est bien connu : la population vieillit en Europe et les gens du « troisième âge » pourraient bientôt y être majoritaires. L’espérance de vie augmente, principalement grâce à de meilleures conditions de vie et aux extraordinaires progrès de la médecine. La conséquence est que l’on passera peut-être presque la moitié de son existence à un âge considéré comme avancé. Une des questions les plus sensibles que pose le vieillissement est celle de la fin de vie avec de longues maladies incurables, ce qui amène à débattre sur l’euthanasie, l’acharnement thérapeutique, les déficiences mentales et pas seulement physiques, etc. Mais le vieillissement n’est pas seulement un fait : c’est aussi un problème social dans une culture qui valorise la jeunesse et où c’est une disgrâce de l’avoir perdue1.
Cette perception négative du grand âge pèse sur les deux époques antérieures de la vie : la maturité et l’enfance. Autrefois, la maturité ou « deuxième âge » se caractérisait par le fait de fonder une famille et d’avoir des enfants. Aujourd’hui, ces deux réalités ne paraissent plus si désirables : on n’a pas envie de prendre des responsabilités et encore moins de vieillir ; on veut rester éternellement jeune, comme Peter Pan, c’est-à-dire sans décisions à prendre, surtout si les choix à faire conditionnent toute la suite de la vie. Cette idéologie « jeuniste » affecte aussi le « premier âge », car si être jeune est en soi la plus éminente des vertus, la nécessité d’éduquer et de préparer aux prises de responsabilité de la maturité tend à disparaître.
Tout cela constitue un énorme défi pour l’Église. Elle s’est toujours attachée à accompagner les personnes âgées, et les besoins sont de nos jours plus importants et plus urgents que jamais. Les réflexions qui suivent s’efforceront de les cerner. Dans un premier temps seront évoquées les difficultés que posent le vieillissement et aussi certaines manières inadéquates [...]
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1 Voir Matteo Amori, Tutti muioiono troppo giovani. Come la longevità sta cambiando la nostra vita e la nostra fede, Soveria Mannelli, 2016.
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