La géographie politique du judaïsme du IIe siècle avant J.C. au Ier siècle de notre ère

Abbé Olivier ARTUS
Les frontières - n°266 Novembre - Décembre 2019 - Page n° 46

Le IIe siècle avant J.C. est caractérisé par une triple évolution du judaïsme : la profanation du Temple par Antiochus IV Épiphane entraîne la révolte des Maccabées ; une fois ceux-ci au pouvoir, les réactions des familles juives sont diverses : soutien des Saduccéens, distance critique des Pharisiens et retrait au désert des Esséniens ; enfin ce règne se caractérise par le développement économique et l’indépendance politique d’un « Royaume juif ». Cette situation persiste, même après la disparition de la dynastie régnante, jusqu’à la destruction du Temple de Jérusalem (en 70 après J.C.). C’est dans ce contexte que se déroule la prédication publique de Jésus : celui d’un judaïsme caractérisé par cette diversité et confronté aux autorités romaines, ainsi qu’à leurs relais hérodiens.

 

Le choix de la période qui va du iie siècle avant Jésus-Christ (av. J.C.) au premier siècle de notre ère repose sur des données archéologiques et sur la prise en compte de la réalité politique : d’une part, les enquêtes archéologiques récentes montrent que, tandis que la « moisson » archéologique et épigraphique est très pauvre à l’époque perse et dans la première partie de l’époque hellénistique, la période hellénistique tardive est caractérisée par un développement économique important. De plus, il existe de nombreuses attestations d’une activité scribale extra biblique à cette époque. Autrement dit, alors que le texte biblique constitue la principale source d’une enquête socio-historique concernant l’époque perse en Judée, l’historien a la possibilité de croiser les sources à partir du iie siècle (av. J.C.). D’autre part, le iie siècle lui-même est marqué par des événements politiques qui ont des conséquences sur
la compréhension que le judaïsme a de lui-même : la tentative d’hellénisation de Jérusalem par Antiochus IV Épiphane va provoquer une insurrection, et conduira progressivement à la constitution d’une entité politique hasmonéenne. Dans ce contexte, différents groupes, porteurs de compréhensions divergentes de l’identité juive, vont se constituer et se côtoyer, d’où l’intérêt d’une « géographie politique » qui, au-delà de la question des frontières territoriales qui est un élément déterminant de la construction du Judaïsme à l’époque hasmonéenne, peut également aborder la question de la spécificité idéologique et sociologique des différents groupes qui se réclament du Judaïsme à partir du iie siècle. À l’autre extrémité de la période considérée, au ier siècle de notre ère, l’émergence d’un groupe chrétien enraciné dans le Judaïsme vient modifier et encore diversifier les expressions du Judaïsme.

Nous envisagerons tout d’abord la situation humaine et politique en Judée au iie siècle (av. J.C.), avant de présenter les principaux groupes juifs qui se côtoient lors de la période considérée. Enfin, en partant du récit de l’Évangile de Marc (1-6), nous tenterons d ’appréhender la spécificité du groupe chrétien dans le contexte du Judaïsme du premier siècle, jusqu’aux années qui suivent la destruction du Temple de Jérusalem, lors de la guerre juive. [...]

 

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