Le déploiement géographique de la mission de Jésus en Galilée selon l’évangile de Marc

En traduisant l’expérience de l’Église naissante, inspirée d’accueillir des « Gentils », l’évangile de Marc montre que cette ouverture prolonge la mission de Jésus : il parcourt la Galilée mais en franchit les frontières, se rendant en territoire païen où il continue d’exorciser, de guérir et de nourrir les foules. C’est pourquoi les non-Juifs peuvent non seulement recevoir la foi et même l’annoncer à leur tour, mais encore une fois baptisés, s’asseoir à la table des Juifs sans observer toutes les règles de pureté rituelle et partager avec eux le pain eucharistique.

Introduction

L’érudition exégétique s’est de plus en plus intéressée ces derniers temps à la dimension géographique de la littérature biblique et particulièrement du Nouveau Testament. Il est remarquable que, bien que les évangiles aient été rédigés en grec et probablement hors de Palestine plusieurs décennies après les événements qu’ils relatent, le cadre de leur récit est la Palestine au début du ier siècle de notre ère. Les personnages (scribes, pharisiens, sadducéens, hérodiens, etc.), le contexte socio-politique (le Temple ouvert au culte, les Romains à Césarée maritime et gouvernant directement la Judée, tandis que les tétrarques Philippe et Antipas règnent en Galilée) et les localisations (Galilée, lac de Tibériade, Jourdain, régions désertiques ou montagneuses, Jérusalem, etc.) – en un mot, tout s’inscrit dans un cadre historique et géographique bien précis. À la différence par exemple du Caravage qui, comme on sait, place l’appel de saint Matthieu dans une auberge de la fin de la Renaissance où tout le monde est en costume de cette époque, les personnages et les lieux des évangiles ne sont pas anachroniques et appartiennent bien au milieu de la Palestine il y a deux mille ans. Ceci ne signifie toutefois pas que les récits évangéliques seraient strictement historiques au sens contemporain du terme. Bien que nous ne puissions pas en être certains, il est possible que les « décors » réalistes des scènes évangéliques aient été plantés par des auteurs qui ne s’étaient jamais rendus sur place. Il est également évident que les récits évangéliques répondent aux objectifs rhétoriques et théologiques dictés par les besoins de la toute première Église après Pâques. Néanmoins, le cadre dans lequel se déroulent les événements est indubitablement celui de la Palestine du ier siècle de l’ère chrétienne et conditionne nettement le contenu des évangiles. [...]

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