Pour une Eglise synodale: quelle réforme? Entretien mené par Jean-Robert Armogathe

Pour une Église synodale : quelle réforme ? Un entretien avec le Cardinal Marc Ouellet Propos recueilli par Jean-Robert Armogathe

COMMUNIO : Le 29 juin 1959, dans l’encyclique Ad Petri Cathedram, le pape Jean XXIII assigna au Concile la tâche de « mettre à jour (aggiornare) la discipline ecclésiastique suivant les nécessités de notre temps ». Le mot aggiornamento a connu depuis une grande fortune. Comment l’interprétez-vous, et en quel sens le Concile a-t-il procédé à une « mise à jour » ?

Cardinal OUELLET : Il me semble que l’intuition du Concile chez Jean XXIII a été une extraordinaire manifestation du Saint-Esprit, mais qui a dépassé de loin ce que le pape envisageait, en parlant de « mettre à jour la discipline ecclésiastique ». On pensait le faire en quelques mois, en une année, mais quand on voit ce qui s’est passé au début du Concile, comment les documents préparatoires ont été mis de côté, on comprend qu’il dut en être autrement. Un travail de révision a été opéré, très au-delà de la mise à jour envisagée.

La conscience missionnaire de l’Église a fait un saut en avant, et en particulier dans l’ecclésiologie pour expliciter la nature sacramentelle de l’Église ; il s’est agi de bien plus que d’une simple adaptation juridique : ce fut un développement doctrinal ; je pense en particulier à la sacramentalité de l’épiscopat incluant la collégialité et tout le reste.

Paul VI a voulu reprendre en main les choses et articuler le développement de l’assemblée conciliaire dans le sens du dialogue. Avec l’encyclique Ecclesiam suam (1964), il a déterminé une mentalité de dialogue, qui a permis au Concile d’aller plus loin sur l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, les rapports avec le judaïsme, etc. Cette encyclique prophétique du saint pape sert encore de nos jours d’inspiration à bien des niveaux de l’activité de l’Église.

COMMUNIO : L’enseignement du Concile invite-t-il à une « réforme de l’Église » ? En quel sens entendre celle-ci ? Sur quels points de discipline ou de doctrine une telle « réforme » peut-elle s’appliquer ?...

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