Réformer l'Eglise au Moyen-Age

Bien qu’il ignore le concept moderne de réforme, le christianisme médiéval connaît de profondes transformations institutionnelles, de l’ambitieux programme carolingien au Grand Schisme : elles permettent de saisir les tensions et les ajustements qui marquent l’histoire de l’Église.

Réformer l'Eglise au Moyen-Age

L’Église a-t-elle jamais cessé d’être réformée, a-t-elle jamais cessé de se réformer ? On songe, bien sûr, à la Réforme grégorienne, et à la lutte épique qui oppose alors le Sacerdoce et l’Empire – qu’on a longtemps appelée aussi la Querelle des investitures. Mais, en y regardant de plus près, la liste des « réformes », telle que les historiens l’établissent pour scander l’histoire du Moyen Âge, apparaît singulièrement longue. Dans les années 740, les fils de Charles Martel, Pépin le Bref et Carloman, réorganisent l’Église du royaume franc. Charlemagne ne manque pas de poursuivre cet effort et fait des évêques des relais de son autorité, tout en promulguant, en 789, une Admonitio generalis, un « avertissement général » exhortant l’Église et les fidèles à se corriger. Au début de son règne (815-840), Louis le Pieux réunit les évêques à Aix-la-Chapelle et impose la règle bénédictine aux monastères de l’Empire, et une règle plus souple aux chanoines. Au Xe siècle, l’abbaye de Cluny est l’instrument d’une ambitieuse réforme de la vie monastique, appuyée par la papauté et par les souverains laïcs. La fin du XIe siècle est marquée par la réforme demeurée la plus célèbre, annoncée par le pontificat de Léon IX (1048-1053) et mise en œuvre par le pape qui lui donne son nom, Grégoire VII (1073-1085). La fondation de Cîteaux (1099) inaugure un nouvel âge d’or pour un monachisme réformé, tandis que le succès des ordres mendiants, fondés au début du XIIIe siècle par saint Dominique et saint François, renouvelle en profondeur les formes que peut prendre la vie consacrée, au travers d’un charisme propre, fondé sur l’alliance inédite de la pauvreté et de la prédication. Dans le même temps où sont reconnus franciscains et dominicains, le quatrième concile de Latran (1215) prend d’importantes décisions sur la vie sacramentelle des fidèles, en imposant notamment l’obligation de la communion annuelle, précédée de la confession à l’oreille du prêtre de la paroisse. Voulu et présidé par le pape Innocent III (1198-1216), le concile de Latran IV confirme le développement de la « monarchie pontificale » qui atteint son apogée quand la papauté s’établit à Avignon (1314-1378). Il va donc de soi que l’Église a connu de profondes évolutions tout au long du Moyen Âge, de telle sorte que, à la fin du XVe siècle, elle ne ressemble plus guère à celle qu’elle était mille ans plus tôt. Pour autant, peut-on voir dans les divers moments évoqués plus haut des temps de « réforme de l’Église » à proprement parler ? Ne risquet-on pas de galvauder le terme, comme on peut le craindre à propos ...

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