Grammaire de la réforme - Réforme catholique et Contre-Réforme au XVIè siècle

Si le protestantisme a voulu mettre en œuvre les aspirations à une réforme générale qui traversaient le christianisme, il n’est pas le seul : le XVIe et le XVIIe siècle voient se développer une authentique « Réforme catholique ». L’un de ses témoins, Giovanni Francesco Commendone, permet d’en mesurer la nécessité et les difficultés.

Grammaire de la réforme Réforme catholique et Contre-Réforme au XVIe siècle

« De cette réforme [de l’Église], il est plus facile de dire combien elle est nécessaire que de trouver le mode selon lequel on peut et on doit la faire », reconnaissait le curialiste Giovanni Francesco Commendone dans son Discorso sopra la corte di Roma, très probablement écrit en 1554, au début d’une carrière diplomatique au service de l’Église ¹. D’un côté, le zèle réformateur appelait à embrasser la cause de la réforme, martelait son impérieuse nécessité, échafaudait des programmes de mesures correctrices ; de l’autre, les meilleures intentions se heurtaient à des résistances intéressées ou à de complaisantes forces d’inertie, les initiatives les plus audacieuses se perdaient dans le dédale des abus, nulle décision ne paraissait en mesure de démêler l’écheveau des maux qui rongeaient l’Église. Comme nous allons le montrer, la difficulté de la réforme était d’autant plus grande que la Réforme luthérienne avait proposé un débouché aux aspirations réformatrices jusqu’alors tenues en échec (I). Il fallait donc distinguer une réformecatholique d’une réforme protestante, quête qui fut présente tout au long du XVIe siècle mais qui prit une nouvelle actualité au cours du XXe siècle (II et III). La réflexion théologique s’est doublée d’un débat historiographique sur la pertinence des catégories de « Réforme catholique » et de « Contre-Réforme » (IV). La sédimentation des discours théologiques et historiques ne doit cependant pas occulter le point de vue des acteurs de la réforme de l’Église catholique au XVIe siècle : en se penchant successivement sur le lexique (V) et la grammaire (VI et VII) de la réforme, nous retrouvons des vues plus larges sur ce que signifie réformer l’Église. Le constat que faisait Commendone n’était pas une dérobade. Qui voulait réformer devait prendre la mesure des dilemmes du réformateur et de la complexité des opérations de réforme. I. De la réforme mise en échec à la Réforme luthérienne Les hommes du XVIe siècle en eurent une vive conscience : les actes suivaient rarement les paroles et, quand c’était le cas, ces actes produisaient rarement les résultats attendus et pouvaient même aggraver le ...

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 1 COMMENDONE 1996, p. 72.