Casta Meretrix - Eglise purifiée par le sang précieux de l'Agneau

Hans Urs von Balthasar a montré l’importance du thème biblique et patristique de la « Chaste Prostituée » : il situe au cœur du Mystère de l’Église la tension entre péché et sainteté.

Casta Meretrix L’Église purifiée par le sang précieux de l’Agneau

Credo unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam. L’Église est sainte : « L’Église se distingue déjà sur terre par une sainteté authentique, même si elle est imparfaite », enseigne le concile Vatican II. Il ne faut pas perdre de vue l’impeccabilité et la sainteté de l’Église. Mais en même temps, il faut également admettre la part d’ombre de cette réalité : oui, le péché existe dans l’Église. Celle-ci doit d’abord atteindre la sainteté parfaite dans ses membres. « Mais on gagnerait déjà beaucoup si les chrétiens apprenaient toujours à reconnaître d’un œil nouveau à quel prix a été achetée la sainteté de l’Église », dit Hans Urs von Balthasar dans son essai Casta Meretrix ¹. Ce titre un peu étrange de « chaste prostituée » vient des Pères de l’Église et désigne la « sainte Église faite de pécheurs », car l’Église est sainte même si au cœur de celle-ci se trouvent des pécheurs : « Tandis que le Christ, “saint, innocent, sans tache”, ignore le péché, mais vient seul expier les fautes du peuple, l’Église, elle, comprend des pécheurs en son propre sein, elle est donc à la fois sainte et toujours appelée à se purifier, poursuivant constamment le chemin de la pénitence et du renouvellement ² . »

1. Le thème

Les images patristiques de la nature pécheresse de l’Église apparaissent également au Moyen Âge. Balthasar cite deux exemples datant de la transition entre le haut et le bas Moyen Âge. Tout d’abord, la représentation de Dante qui voit la prostituée babylonienne elle-même, assise dans le char de l’Église à la place de Béatrice et faisant la cour à un géant (le roi de France). Chez Guillaume d’Auvergne, le grand théologien et évêque de Paris, on trouve ces mots sévères : « Aujourd’hui, le char de l’église ne marche plus en avant, mais en arrière, car les chevaux ...

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1 Hans Urs von BALTHASAR, Casta Meretrix, dans : Sponsa Verbi. Skizzen zur Theologie II, Johannes Verlag, Einsiedeln, 1971, 203-305, ici 208. Il s’agit de la version élargie de conférences données lors du congrès de pastorale de Vienne en 1948 (Balthasar a tenu quatre conférences à Vienne le 13 octobre 1948 : 1. Das pastorale Problem des Subjekts der Kirche,2. Kirchliche Existenz als Sendung, 3. Heilige Braut aus Sündern, 4. Sakramentale und personale Kirchlichkeit. Lors du remaniement de ces présentations pour la publication en 1961, il s’est également servi de l’ouvrage fondamental de Helmut RIEDLINGER, Die Makellosigkeit der Kirche in den lateinischen Hoheliedkommentaren des Mittelalters, Münster 1958, ainsi que d’autres sources.

 2 Lumen Gentium 8.