Universalité du baptême et configuration masculine des ordres sacrés - Le diaconat comme lisière

Si le baptême chrétien garantit effectivement l’égale dignité de l’homme et de la femme, la question disputée du diaconat féminin ne saurait être tranchée sans une réflexion précise sur le ministère du diacre, qui représente par excellence le Crucifié.

Universalité du baptême et configuration masculine des ordres sacrés ¹ Le diaconat comme lisière ?

La possibilité dogmatique du diaconat féminin occupe les esprits, notamment dans les conversations synodales et, soit qu’on y pressente le bouleversement symbolique de l’économie implexe du sacrement de l’ordre à trois degrés, soit qu’on le méconnaisse, on se doute que la résolution de cette question disputée touchera à la forme même de la présence contemporaine de Jésus-Christ parmi les siens, à chacune des générations de l’Église : « Au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche », s’exclame l’apôtre Pierre en Actes 3,6, au moment où il guérit le boiteux de la Belle Porte, exerçant à l’endroit d’un pauvre cette diaconie du salut dont Jésus ressuscité demeure en réalité l’auteur messianique. La norme christologique et la norme sotériologique de la foi devront donc régler notre réflexion, en une matière où les effets légitimes d’attraction, mais aussi de vérification, produits en Occident par l’opinion publique au sujet de la condition féminine et de la dignité égale de la femme, pressent la théologie de rendre raison de la doctrine de tradition. Ce n’est pas parce qu’une question circule dans l’actualité qu’il ne faut pas la traiter ; ce n’est pas parce qu’elle y circule trop souvent en surface, avec les émotions provisoires de l’esprit du temps, qu’il ne faut pas tâcher d’obtenir une meilleure réponse, plus solide, plus accordée à la tradition interprétative de la foi catholique, au niveau de profondeur même des intentions du Christ.

Si nous relevons ce défi dogmatique, nous nous obligeons à en fournir d’abord les deux raisons majeures. L’ordre sacré du diaconat, au moins dans la mesure et la façon où nous estimons le comprendre, nous a toujours fasciné. Le mot n’est pas trop fort et voudrait d’emblée surprendre le lecteur, puisque du côté du sentiment commun de la hiérarchie comme du côté du sentiment commun des fidèles, l’impression exactement contraire montera bientôt à l’esprit : le diaconat, notamment celui qui est dit « permanent », n’a vraiment rien qui puisse exercer une fascination sur un esprit sage et fervent. Ce serait même un des ...

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1 Ce texte est la version remaniée de la conférence solennelle de rentrée de la faculté de droit canonique de Paris, le 8 septembre 2023, dont le Doyen Ludovic Danto nous avait suggéré le sujet.