Beauté du monde et Gloire de Dieu

Hans Urs VON BALTHASAR
La sainteté de l'art - n°44 Novembre - Décembre 1982 - Page n° 4

Problématique

 Hans Urs von BALTHASAR

Malgré sa finitude et sa diversité, la beauté de ce monde n'est pas sans rapport à la gloire infinie qui est le propre de Dieu - laquelle se révèle dans l'icône paradoxale ddu Fils crucifié et ressuscité. L'art chrétien a pour tâche redoutable de laisser transparaître la Gloire divine sur la beauté aussi bien que sous l'horreur en ce monde.

 La première page, 4, est jointe.

Beauté et Gloire

Avec l'Unité, la Vérité et la Bonté, la Beauté est au nombre de ce que la scolastique appelle les 'transcendentaux'. ». Ceux-ci sont les propriétés qui s'attachent à tout ce qui est, et donc à l'Être lui-même – si l'on doit s'empresser d'ajouter que tout être créé ne correspond à l'Être absolu de Dieu que dans une analogie où « la diversité est plus grande que la ressemblance » [[4e Concile du Latran, DS 806.]]. Ce que nous désignons, dans l'être créé, comme sa « beauté » correspond, en l'Être divin, dont la hauteur transcende tout, à ce que l'on peut désigner sous le nom 'de « gloire » (kabod, doxa, gloria). Tout ce que l'on peut dire sur le rapport de ces deux concepts est essentiellement marqué par le fait que les propriétés transcendantales de l'être comme tel, qui sont au-dessus de toutes les catégories, ne peuvent être l'objet d'aucun énoncé conceptuel vraiment adéquat. Par suite, puisque nous sommes bien obligés de penser et de nous exprimer par des concepts, l'Unité, la Vérité, la Bonté et la Beauté ne se laissent pas saisir autrement que par une pensée qui les aborde de plusieurs côtés pour les approcher en convergeant sur eux. Non qu'ils nous soient inconnus ; au contraire, ils sont présents dans tout ce qui est, même s'ils s'y montrent sous des formes différentes et à différents niveaux. Mais nul ne peut les déterminer par des définitions qui, leur assignant des limites, les rendraient finis, car l'Être comme tel transcende les limites des essences. Cela n'empêche pas tous nos jugements de s'appuyer sur (p.4)les transcendantaux, comme sur quelque chose de bien connu. Ce qui le montre le plus clairement, c'est sans doute le fait que nous nous servons d'eux comme de critères pour évaluer ce qui pèche contre eux. Ainsi, nous caractérisons le, mensonge comme un manquement à la vérité, la méchanceté comme un manquement à la bonté, la discorde comme un manquement à l'unité, la laideur et le kitsch comme un manquement à la beauté. Comme les transcendantaux dominent tout l'être de part en part, il s'ensuit qu'ils ne sont séparés les uns des autres par aucune limite, mais qu'ils se compénètrent : par exemple, la vérité comporte une certaine « bonté », une certaine « beauté », etc. Si les penseurs du Moyen-Age accordaient au concept d'ordre ou à celui de rectitude (ordo, rectitudo) une place aussi centrale, c'est parce que ce concept laisse percevoir quelque chose de cette interpénétration des différents aspects fondamentaux, de l'être comme tel.

 

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