Le mien, l'étranger et l'universel

M. Olivier BOULNOIS
Les Immigrés - n°64 Mars - Avril 1986 - Page n° 34

La perplexité actuelle autour de l'immigration provient de la confusion de trois logiques, dont chacune est valable à son niveau : la préférence du propre régit l'économique, la reconnaissance de l'universel définit le juridique ; au-delà de l'ordre politique, la prédilection envers le prochain est la loi qui exprime l'ordre de la charité.

Commençons par écarter les faits. D'abord le plus flagrant, l'incontournable : le fait du racisme. L'injure, l'insulte, l'intonation méprisante sont des faits, que nous ne pouvons ignorer. Mais, émises par un individu ponctuel, et adressées à un groupe particulier, ces paroles ne sont pas généralisables en un propos universel, puisque le locuteur, par définition, s'en exclut. Le fait du racisme a bien un sens, mais il ne le tire pas de lui-même : nous ne considérerons donc pas ici le racisme en tant que tel, mais le discours théorique qui prétend justifier ces comportements de façon expresse ou sous-entendue.

Nous examinerons donc le conflit au plan du sens, où plusieurs discours à prétention universelle se contre-battent. A cet égard, le débat qui s'est instauré en France autour de l'immigration prend surtout la tournure d'un dialogue de sourds. Dans les discussions de cette sorte, on a vu s'opposer deux propos. L'un s'écrie : «Je préfère mon frère à mon cousin, mon cousin à mon voisin, mon compatriote à un étranger, et je leur réserve les avantages correspondants. Il est normal que je favorise mes proches, et véritablement chrétien de me soucier de mon prochain ». L'autre rétorque : « Cette attitude n'est pas acceptable.

Le christianisme nous oblige à voir dans tout homme un frère, et nous n'avons pas le droit de l'exclure ». Les arguments et les autorités reconnus de chacun s'imbriquent l'un dans l'autre, dans une répétition infinie où aucune raison ne semble décisive. Les contradictions s'entremêlent : n'ai-je pas le droit de favoriser la communauté à laquelle j'appartiens sur l'étranger qui y fait effraction ? Mais n'ai-je pas aussi le devoir de respecter tout homme comme mon égal ? Et les chrétiens que nous sommes n'ont-ils pas l'exigence supplémentaire d'accueil d'autrui ? [...]

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Olivier BOULNOIS


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