Saint est son Nom : de la Sainteté de Dieu à la sainteté des hommes

Le Nom de Dieu est celui qu'il a bien voulu révéler librement à Moïse, pour signifier le salut qu'il apportait à Israël, et qui se réalise en Jésus pour toutes les nations : « Dieu sauve » est donc à la racine de toute action de grâce. Cela implique aussi une dignité et un devoir pour celui qui le reçoit : vivre de la sainteté divine.

Un trait semble particulièrement caractériser la société actuelle : l'indifférence religieuse. Plutôt qu'à un athéisme fracassant, aux accents blasphématoires et désuets, on assiste à une sorte d'effacement d'intérêt pour ce qui touche à Dieu.

Il vaudrait mieux parler d'une perte de sens, ou d'un pur constat d'insignifiance. Pour beaucoup de nos contemporains, le mot même de «Dieu» ne dit rien; si bien que, quand il leur arrive de l'employer, (ne serait-ce que lors d'un «adieu» à un être aimé), l'usage qu'ils en font ne porte guère à conséquence. L'expression même de «Nom de Dieu », qui avait encore le sens d'un juron chez certains anticléricaux convaincus et malveillants, peut ponctuer aujourd'hui chaque mot de celui qui exprime tout simplement à un ami une joie inattendue.

Quel sens peut donc avoir pour nous la deuxième parole du Décalogue: «Tu ne prononceras pas en vain le nom de Dieu»? Et cette parole peut-elle encore signifier quelque chose pour nos contemporains incroyants ? Sans doute est-ce aux croyants d'abord que de telles questions se posent. Sans doute est-ce également à ceux pour qui le Nom de Dieu a un sens, plus même que tout autre nom, de l'expliciter et de répondre à ces questions. Car le constat de l'insignifiance du Nom de Dieu pose en réalité aux hommes les plus lucides de notre temps livrés au «désenchantement du monde» et aux « désillusions du progrès », voués finalement à l'« ère du vide », la triple question à laquelle il est inévitable de répondre : Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? [...]