Éros et Agapè : la divine passion d'amour

Doit-on opposer l'éros (désir) et l'agapè (charité), ou peut-on les identifier, et dire qu'il y a un éros divin? Et ne peut-on pas parler d'une divine passion de l'amour, la Passion du Christ crucifié? Qu'est-ce qu'aimer ? Une méditation sur les grands textes scripturaires et patristiques propose une réponse à ces questions.

Le mot hébreu ahâba est traduit dans la Bible grecque par agapè¹, substantif presque inconnu dans la langue profane, tandis qu'on utilise couramment le verbe agapaô, « accueillir avec affection », spécialement un enfant ou un hôte. Il y a l'idée d'une « tendre inclination vers » (qui se retrouve dans le latin diligere-dilectio) ou d'une amitié (grec phileô-philia²). Mais on ne trouve que deux fois le terme éros³, « amour passionnel » dans la Septante, et jamais dans le Nouveau Testament. 

L'amour (agapè) est l'amour du bien-Aimé et de la bien-Aimée du Cantique des cantiques : amour triomphant du bien-aimé qui dresse, sur la bien-aimée, l'étendard de l'amour ou qui « ordonne » sur elle l'amour (agapè) (Cantique 2, 4), amour prévenant de l'amant qui demande par trois fois aux jeunes filles : «N'éveillez pas, ne réveillez pas (mon) amour, jusqu'à l'heure de son bon plaisir !» (2, 7 ; 3, 5 ; 8, 4), amour de la bien-aimée qui est « malade d'amour » (2, 5) et qui demande à ses compagnes de la soutenir avec des gâteaux de raisins, amour qui les lie l'un à l'autre [...]

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1. Agapè : (Septante) : 2 Rois 1, 26 ; 13, 15 ; Ecclésiaste 9,1 ; 9, 6 ; Cantique 2, 4.5.7 ; 5, 8 ; 7, 5 ; 8, 4.6.7 ; Sagesse 3, 9 ; Siracide 6, 18 ; 48, 11 ; Jérémie 2, 2.

2. Philia : emplois seulement dans les Livres sapientiels (Proverbes, Sagesse et Siracide) et dans les Maccabées (I-IV).